Par JC Verro. Dans une récente recherche dans le cadre de mon travail, j’ai eu l’occasion d’approfondir mes connaissances sur la loi Accessibilité 2005. Quelle n’a pas été ma surprise quand j’ai découvert que la première législation sur le sujet datait de 1975 !
Ainsi donc cela fait 40 ans que la France reconnait qu’il y a un problème d’accessibilité pour les personnes handicapées. 40 ans ! La loi accessibilité 2005 votée cette même année et devant entrer en application en 2015 a généré beaucoup d’espoirs.
Enfin on allait fournir une solution à ces problèmes d’accessibilité “découverts” 30 ans plus tôt.
Nous n’allions pas faire les fines bouches : une solution 40 ans plus tard, mais une solution.
Et puis patatras ! 2015, date fatidique, après un délai de 10 ans (oui dix ans !!!) pour se préparer, personne n’est prêt et tout le monde remet en cause la loi.
Le gouvernement repousse les délais d’application. Et voilà, 10 ans de plus…
Pour les fidèles lecteurs qui lisent mes chroniques depuis plus d’un an, vous savez que ce problème d’accessibilité n’existe pas (ou plus) en Grande Bretagne.
Alors comment les anglais ont-ils trouvé une solution ? Et surtout quels en ont été les bénéfices pour la société.
L’angle de la discrimination
Les Anglais ont pris en compte le handicap d’une manière plus large que l’accessibilité. Celui-ci a été traité sous l’angle de la discrimination.
La première législation date de 1995, avec le Disability Discrimination Act 95.
Puis actualisé dans le Discrimination Act de 2005 : la législation sur le handicap est fusionnée avec les autres possibilités de discrimination, il devient « normal ».
Une réglementation plus souple
De plus la réglementation concernant l’accessibilité est plus souple qu’en France et n’oblige pas à des normes réglementant au cm une installation. La loi anglaise préconise des « reasonable adjustments ».
Les Anglais sont pragmatiques : une société inclusive leur a apporté des avantages.
Le regard sur le handicap a changé, le handicap est valorisé.
Les anglais prônent le principe de tout le monde au travail (chômeurs, handicapés, etc.) pour apporter un équilibre dans la société : tout le monde participe (impôts, cotisations sociales, etc.) et trouve sa place.
En pouvant accéder partout sans encombre et en ayant des toilettes accessibles partout, la question de l’accès à l’emploi est facilitée et permet de se concentrer sur l’essentiel.
Les handicapés font partie de la société : les handicapés sont des consommateurs comme les autres et respectés comme tel.
En pouvant accéder partout sans encombre et en ayant des toilettes accessibles partout, en tant qu’handicapé, je ne suis plus cantonné chez moi. Je vais partout, et en famille !
Je me sens libéré et sans entrave. Un sentiment que j’avais oublié en France.
Les anglais ont modifié leurs pratiques et leur pays il y a 20 ans (1995). La France avait déjà 20 ans de retard sur eux, et maintenant ? 30, 40 ?
À quand pour la France, pays des droits de l’homme autoproclamé. Même une loi votée par le parlement avec ses décrets d’applications signés est repoussée dans les oubliettes…
Que faut-il de plus ?
Quand les handicapés cesseront-il d’être méprisés et écartés.
Une loi a été votée pour abolir la double peine pour les délinquants, mais les handicapés, eux, continuent à subir un double handicap, à cause du refus de cette loi.
Qui aura le courage d’appliquer la loi ? De ramener les handicapés dans la société au lieu de les en écarter ?
L’accessibilité est la clé qui ouvre la porte vers moins de handicap ; j’en fais l’expérience quotidiennement en Grande Bretagne depuis plus de trois ans.