Gros plan sur le handi-basket montpelliérain, la pratique et les règles du jeu du basket avec un handicap
Par Valérie Dumas. En 2007, Taoufiq Regragui et Florent Maunier n’étaient pas faits pour se rencontrer mais il en fût autrement. L’athlétisme, dans un premier temps, a permis à Florent de comprendre que la vie ne s’arrête pas lorsque l’on passe de valide à personne en situation de handicap. Avec Stéphane Rhoul, basketteur, ainsi qu’un ami de Florent – Jean-Claude Bacoul – ils ont décidé de créer un club associatif de Handi-basket pour permettre à tous ceux qui le souhaitent de jouer au basket avec un handicap.
Dans un premier temps, ce club s’appelait HANDI PLUS. Le président en était Jean-Claude Bacoul ; le trésorier / secrétaire Taoufiq Regragui. Il a été créé dans le but d’intégrer les nouveaux handicapés dans l’espace du handisport, d’aider à la réinsertion des personnes en situation de handicap par le sport. Mais aussi pour que les joueurs se découvrent, acceptent pour certains leur handicap à travers le basket, pour que les valides découvrent le handisport… Le club a commencé avec des joueurs âgés de 11 ans (des jumeaux – Jimmy en situation de handicap et Thierry valide) à environ 40 ans.
En 2013, un nouveau bureau s’est constitué et le nom s’est transformé en MHBA (Montpellier Handi-Basket Association). Le Président en était René Schwarz, le secrétaire, Dominique Desmaretz, et le trésorier, Taoufiq Regragui. Depuis 2016, c’est Benjamin Lopez.
Notre vision de l’association : elle permet aux personnes nouvellement handicapées une réinsertion dans la vie active au travers du sport, de renforcer les liens sociaux déjà existant et/ou de recréer ces liens. La pratique compétitive, à son tour, permet aux joueurs les plus expérimentés « d’assouvir leur besoin de compétition », d’apprendre et d’évoluer au contact d’autres équipes. Nous participons aussi à des journées de sensibilisation auprès de tous publics, dans les écoles, sur des festivals, et nous faisons des démonstrations sportives avec des matchs entre nous ou des matchs amicaux. Enfin la pratique loisir permet de se défouler et de garder une certaine hygiène de vie. L’association est composée de 30 adhérents.
Un fauteuil d’handibasket vaut 5000 euros (notre fournisseur et sponsor est 2 mad, à Mèze – 34) et c’est le joueur qui se l’achète en intégrant le club. La CPAM attribue 600 euros. Certaines mutuelles peuvent participer. La MDPH peut être sollicitée et donc octroyer une aide extra-légale.
En 2018, le Conseil Départemental de l’Hérault nous a offert deux fauteuils. Cette saison, c’est la mairie de Montpellier qui nous a alloué une subvention de 12 000 euros, ce qui nous a permis d’acheter deux fauteuils. Comme vous devez vous en douter, les roues s’usent. Il faut donc les changer. Une paire de roues a un coût non négligeable, 700 euros, à la charge du joueur.
Les subventions allouées par les différents organismes montpelliérains n’atteignent pas les 3500 euros. Sponsors et adhésions, c’est cela qui fait vivre le club. Il faut savoir qu’entre les frais d’arbitrage, de déplacements, de licences, de banque et autres, notre association dépense environ 10 000 euros par an. Notre désir ? Continuer à exister et à nous développer pour accueillir encore plus de personnes en situation de handicap (et valides bien sûr). Nous sommes donc en recherche permanente de fonds afin de pouvoir faire face à tout cela.
Si vous souhaitez nous apporter votre soutien, d’une quelconque manière, vous pouvez nous contacter via les coordonnées ci-dessous :
Président René Schwarz 06 31 96 85 58
Mail : [email protected]
Facebook : https://www.facebook.com/groups/558534644223909/?ref=bookmarks
Basket avec un handicap : Les règles du handi-basket
Le handi-basket est mixte. Les joueurs sont 5 sur le terrain, terrain qui est le même que celui des basketteurs valides.
Hormis la reprise de dribble qui est autorisée, les règles sont identiques.
Les médecins de la fédération ont établi une grille afin que sur le terrain les équipes soient équilibrées. Une équipe = 15,5 points. Chaque joueur est classifié selon sa catégorie.
Joueur valide = 5 points
Joueur en situation de handicap, du handicap le moins « lourd » au handicap le « plus lourd » = de 4 points à 1 point.
Exemple handicap de 4 points à 1 point = amputation…
Exemple handicap très lourd = paraplégique de 1 point à 2,5 points (selon la sangle abdominale) …
Bien que les équipes soient mixtes, lors des matchs les équipes ne comportent qu’un joueur valide (car il vaut 5 points, ce qui est énorme).
Les matchs se jouent en 4 x 10 minutes avec deux temps morts par quart temps, avec deux mi-temps de 20 mn.
ADRIEN DUSCH
J’ai 30 ans, je suis sans emploi. Je suis paraplégique incomplet (je n’ai pas récupéré la totalité de ma musculature).
Je suis basketteur depuis 2015 et je fais aussi de la musculation.
Pourquoi le basket ? Au départ, je cherchais un sport collectif pour me refaire un cercle de connaissances ; puis je suis un homme qui a besoin d’évacuer son surplus d’énergie, de se vider totalement et il n’y a que dans le handi-basket que je trouve cela. Étant grand et mobile / rapide, mon poste au sein de l’équipe est pivot. (J’ai débuté avec les fauteuils prêtés par le club. Puis grâce aux sponsors, j’ai pu bénéficier d’un fauteuil sur mesure (adapter à ma morphologie, ma taille…)).
Le club est déjà monté en division supérieure mais ce fut une saison très difficile. Il faut reconnaître que le niveau est élevé. Nous travaillons pour remonter et nous ne désespérons pas d’y parvenir.
Par le biais du club, nous faisons beaucoup d’ateliers de sensibilisation auprès des jeunes. Il est important de les initier aux sports nouveaux mais aussi à voir le handicap autrement. J’aime les manager et les entourer.
Si je devais définir ce sport collectif qu’est le handi-basket, ce serait en ces termes : un plaisir partagé !
TAOUFIQ REGRAGUI
Je suis né au Maroc. 1 an après ma naissance, j’ai été atteint d’une poliomyélite. Je suis titulaire d’une licence en sociologie (obtenue au Maroc). Mon handicap n’a jamais été une barrière pour moi. Je suis membre actif dans diverses associations caritatives pour personnes en handicap (par exemple avec des enfants).
J’ai toujours fait énormément de sport et principalement à du haut niveau. Mon sport était l’athlétisme. J’ai participé à de nombreuses compétitions, à des championnats nationaux et internationaux, au Maroc et en France.
En venant m’installer à Montpellier, avec Jean-Claude Bacoul, nous avons décidé de créer Handi Plus le 17/12/2007. J’avais envie de faire un sport collectif ludique, d’équipe / collectif et il me semblait que le basket était le sport adéquat.
Comme tout club, l’objectif est de monter en division supérieure. Il n’y aucune comparaison entre nous. Chacun a son niveau vu son handicap et ses points de qualification.
DOMINIQUE DESMARETZ
J’ai 55 ans, je suis né à Cambrai. En 1981, j’ai eu accident de la circulation. J’ai été laissé pour mort, par un chauffard. J’ai subi une amputation totale de la hanche et du bassin, côté gauche.
Le sport, a toujours fait partie intégrante de ma vie. En tant que valide je faisais du foot. Après une convalescence qui a duré 4 ans, j’ai donc en 1985 commencé le basket à Douai. Mon désir était de continuer le sport collectif. En 1986, j’ai changé de club et j’ai intégré le club de Valenciennes. Nous avons été 5 fois champions de France. Mon parcours m’a permis d’évoluer en National 1A.
Suite à des problèmes de santé, j’ai déménagé dans le sud et j’ai intégré le club de Montpellier en 1999. J’ai joué jusqu’en 2018, mais suite à de graves problèmes musculaires j’ai été dans l’obligation d’arrêter le basket. Mais je continue le sport à savoir le handibike et la natation. J’ai traversé l’Etang de Thau à la nage (4 km).
Mon souhait est que le club monte à nouveau en catégorie supérieure, à savoir national 1C.
JEAN-CLAUDE BACOUL
Double amputé suite à un accident de la circulation, j’ai toujours fait du sport. J’ai commencé par le tennis de table, le tennis, la musculation et l’atlétisme. J’ai participé au semi-marathon de Porto Rico, pour voir dans quelle mesure la Martinique pourrait participer à des compétitions dans les Caraïbes (Concacaf).
Je fais du basket depuis environ 30 ans. J’ai joué à Toulouse en division 1A (= Championnat de France 1ère division) et en Coupe d’Europe. J’ai été approché pour jouer en tant que joueur professionnel en Italie mais pour raison personnelle cela ne s’est pas fait. Dans le club, mon poste est Pivot, je marque environ 20 points par matchs.
Je fais aussi du handi-rugby et du handi-bike. Comme je l’expliquais en préambule, j’ai créé le club en 2007 dans l’idée de transmission. Comme tout sportif de plus ou moins haut niveau, la transmission de nos connaissances est importante. Mais aujourd’hui je ne me porte pas en « leader » de l’équipe, mais toutefois j’essaie d’apporter des conseils ; cela n’est pas toujours compris, mais ce sont les aléas de la pédagogie. Le sport prime toujours.
Le MHBA est plus qu’une histoire de sport, c’est une histoire d’amitié !
Le Handisport au même titre que le sport valide est un dépassement de soi. A-t-il la même attention que celui des valides – tant nationalement qu’avec les comités locaux ? A quand l’équité ? A quand «l’inclusion par le sport» dont on nous parle tant ? (Propos qui n’engagent que Valérie D.)
Le Handi-basket Montpelliérain via la plume de Valérie Dumas
https://lepetitgardois.fr/
Groupe Facebook : Handicap mon combat ma vie
Une réponse
Bon vent à toutes et tous.🏀♥️😘