Lors d’une conférence de presse qui s’est déroulée au *CREPS de Vichy la semaine dernière, la Fédération Française du Sport Adapté signait un partenariat avec ENGIE, dans le cadre de l’organisation des « Global Games », qui sont les Jeux Olympiques des personnes atteintes d’un handicap mental. Cette compétition d’envergure mondiale va se dérouler au CREPS de Vichy du 4 au 10 juin 2023. Sandrine Chaix, vice-présidente à l’action sociale et au handicap de la Région Auvergne-Rhône-Alpes représentait la Région en qualité de deuxième partenaire de ces Jeux après le Ministère des sports. Anne Archambault, déléguée territoriale ENGIE Auvergne-Rhône-Alpes, en charge de la RSE, représentait la société ENGIE, membre du club des partenaires H+ Sport, et Marc Truffaut était là en sa qualité de président de la Fédération Française du Sport Adapté et co-organisateur.
Photo de droite à gauche : Gaël Geffroy, Sandrine Chaix, Anne Archambault et Marc Truffaut
ENGIE un mécénat parti pour durer
La signature du partenariat avec ENGIE présente un caractère fondateur. C’est le premier partenaire privé qui entre dans le cofinancement des Global Games. La présence d’ENGIE est d’autant plus importante qu’elle démontre l’importance croissante de cette compétition, qui, lors de sa dernière édition, s’est déroulée en Australie avec un succès sans précédent. Une réussite qui s’explique tant par l’ambiance qui règne au cours de ces Jeux que par le niveau des performances sportives qui peuvent dépasser celles de Jeux Olympiques dans certaines disciplines. ENGIE proclame que ce partenariat n’est que l’amorce de ce qui va prendre une dimension croissante dans les prochaines années. ENGIE accompagne déjà des athlètes pour les Jeux Olympiques et Paralympiques depuis de nombreuses années. « Ça fait parti de notre mission que de développer la pratique du sport », déclare Anne Archambault.
Rôles et engagement de la Région Auvergne-Rhône-Alpes
Pour Sandrine Chaix, vice-présidente à l’action sociale et au handicap la tenue des Global Games en Région Auvergne-Rhône-Alpes, cet événement va grandement contribuer à faire évoluer le regard que le public porte sur les athlètes en situation de handicap. Qu’ils soient en situation de handicap moteur, sensoriel ou mental, ce sont avant tout des athlètes de haut niveau qui ont les mêmes exigences personnelles et les mêmes ambitions que tout athlète de haut niveau. Ils sont soumis à des contrôles antidopage au même titre que tous les athlètes de haut niveau.
Le handicap ne doit pas laisser penser que les choses sont plus simples car ce n’est pas vrai et les exploits sportifs sont là pour le prouver. Un exemple qui parle de lui-même : aux Jeux de Rio, la finale du 1500 mètres déficients intellectuels a été plus rapide que la finale des Jeux Olympiques. Ne pas comprendre un handicap ou une discipline ne signifie pas que la performance n’est pas au rendez-vous.
Une partie des athlètes qui participeront aux Global Games seront aussi présents aux Jeux Paralympiques de 2024, en fonction de leurs résultats. Cela représente une véritable force d’attraction pour les athlètes du monde entier. En 2023 et en 2024, les athlètes en situation de handicap bénéficieront d’une visibilité accrue qui sera au service des ces derniers, au service du sport, et récompenseront aussi les partenaires qui ont su voir la véritable dimension de ces compétitions. Pour Marc Truffaut « c’est une vraie difficulté de trouver des sponsors, y compris pour un événement de cette ampleur. Espérons que nos résultats lèveront toutes les appréhensions qui freinent les partenariats ». Sandrine Chaix nous rappelle par ailleurs que la Région a investi plusieurs millions d’euros dans la modernisation du CREPS en vue des Global Games et participe à hauteur de 350 000 euros dans leur organisation. De plus, la Région recherche activement des sponsors et va s’engager activement dans la communication et la visibilité de ces Jeux.
Une Fédération dynamique
Marc Truffaut nous rappelle à ce titre que la Fédération Française du Sport Adapté représente plus de 65 000 licenciés répartis dans 1200 clubs. Des clubs qui peuvent êtres totalement dédiés ou en mixité avec des athlètes ordinaires, ce qui est une tendance montante.
Les athlètes avec handicap mental peuvent bénéficier du statut d’athlète de haut niveau depuis 2009, alors même qu’ils avaient été exclus des Jeux Paralympiques jusqu’en 2012 pour des raisons qui relèvent d’une pensée anachronique. En 10 ans, la France a su relever le défi puisqu’en 2022 elle était la deuxième nation mondiale du sport adapté, à un cheveu de l’Australie. La Fédération propose 31 disciplines à ses pratiquants. Marc Truffaut à l’ambition de ravir la première place aux australiens à l’issue de ces Global Games. L’organisation des Jeux de Paris 2024 a d’ailleurs sélectionné les Global Games comme l’événement à mettre en avant pour sensibiliser le public et les sportifs en herbe à la pratique du sport adapté.
Où en est l’organisation des Global Games ?
« Aujourd’hui nous avançons bien dans l’organisation publique. À ce jour ce sont 32 nations qui se sont inscrites, ce qui représente plus de 800 athlètes et 400 encadrants, déclare Marc Truffaut, très confiant dans la réussite de son organisation. Nous possédons un véritable savoir-faire et les infrastructures d’accueil au CREPS de Vichy ont été totalement revues et modernisées grâce à un financement de la Région Auvergne Rhône-Alpes ». En tennis de table, le vainqueur des Global Games sera automatiquement sélectionné pour les Jeux de 2024, une première mondiale qui va drainer de nombreux compétiteurs.
La différence entre les Jeux Paralympiques et les Global Games se fait sur les catégories. Aux Jeux Paralympiques, il n’y a qu’une catégorie « déficients intellectuels » alors que dans les Global Games il y a 3 catégories, déficients intellectuels, porteurs de trisomie 21 ou personnes autistes, et pas de différents niveaux à l’intérieur de ces catégories. Même si ce sont bien les meilleurs qui participent aux compétitions, et même si aucun d’eux n’a de sponsor. La participation aux Jeux Paralympiques peut être traumatisante car absolument pas adaptée au rythme et au niveau de compréhension (y compris l’anglais) des athlètes déficients intellectuels.
95% des athlètes déficients intellectuels réalisent leurs meilleures performances aux Global Games car les conditions d’accueil et de compétition sont idéales pour eux. Par exemple, une aide peut venir sur la piste régler « le start » ou prendre ses marques à la longueur alors que c’est interdit dans les autres formes de compétitions. Aux Global Games les compétitions distinguent homme et femmes, ce qui n’est pas toujours le cas dans le para-sport, faute de pratiquants. Les athlètes français seront au nombre de 180 lors de ces Jeux. Mais la fédération se préoccupe aussi de l’après-carrière sportive de ses athlètes et leurs propose déjà des possibilités de reconversion en qualité d’entraîneur ou d’animateur sportif.
À la question de la reconnaissance des titres obtenus lors de cette compétition, une interrogation succède. Les médaillés déficients intellectuels ne bénéficient pas de la dotation du Ministère des sports!!!
L’accueil des tous ces athlètes porteurs d’un handicap pose aussi la question des conditions de logement, de transport et bien sûr des repas. Or, s’il existe des normes en France pour ces personnes, la Fédération a décidé de ne pas les exiger en misant sur l’accompagnement humain. La Fédération souhaite laisser un souvenir heureux de cette compétition et non une occasion de montrer du doigt des professionnels ou des infrastructures.
Le témoignage d’un vice-champion du monde
Gaël GEFFROY, 23 ans, vice-champion du monde sur 5000 mètres en Pologne, en 2021, est venu apporter son témoignage sur ce qu’est la vie d’un athlète de haut niveau en sport adapté. Malgré ses performances et bien qu’il consacre la plus grande partie de son temps à s’entrainer, Gaël ne bénéficie pas de sponsoring pour l’accompagner dans sa saison. Cela fait 8 ans qu’il s’entraine à l’athlétisme et se consacre à plein-temps, ou presque, à cette discipline, depuis mi-2018 en perspective des Global Games 2023 et des Jeux Paralympiques 2024. Gaël est l’un des meilleurs espoirs français. Il s’entraine au CREPS de Vichy depuis fin 2019. En parallèle, Gaël prépare un diplôme en cuisine collective et envisage de travailler dans la restauration en fin de carrière.
Infos pratiques
Les Global Games représentent un événement sportif international, véritable référence pour les athlètes de haut niveau déficients intellectuels, porteurs de trisomie 21 ou autistes. Organisés tous les 4 ans, ils rassemblent plus de 1 200 champions, en provenance de 60 pays, autour de 15 disciplines.
La France a été choisie pour accueillir la prochaine édition, qui se déroulera lieu à Vichy du 4 au 10 juin 2023. La Fédération Française de Sport adapté qui participe à son organisation mobilisera plus de 300 bénévoles, juges et officiels.
La Région Auvergne-Rhône-Alpes participe à hauteur de 350 000 euros à l’organisation des Global Games.
En 2023 auront aussi lieu les championnats du monde du sport adapté.
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