En 2025, la santé mentale sera la grande cause nationale en France. Ce statut soulève une question : que pourrait faire le gouvernement pour améliorer la prise en charge et la prévention des troubles psychiques ? Avec une personne sur cinq touchée chaque année, des initiatives ambitieuses doivent voir le jour.
Pourquoi la santé mentale devient-elle une priorité nationale ?
En France, 13 millions de personnes vivent chaque année avec des troubles psychiques, un chiffre de l’OMS qui reflète l’ampleur du problème. Parmi les jeunes, les troubles de santé mentale touchent jusqu’à 50 % des 18-24 ans. Ces maladies restent encore très mal comprises et sous-estimées par une partie de la population. En effet, celle-ci associe souvent à tort ces troubles à une incapacité à mener une vie normale. D’ailleurs, près de 20 % des Français estiment même que ces troubles « ne sont pas vraiment des maladies ».
Le suicide est la première cause de décès chez les jeunes mères (jusqu’aux 12 mois de l’enfant) et la quatrième chez les adolescents. Ce constat souligne l’urgence d’agir pour prévenir ces drames. Malheureusement, la stigmatisation des troubles psychiques reste un frein majeur à leur reconnaissance et à une prise en charge précoce. Beaucoup de malades hésitent à demander de l’aide par peur d’être jugés ou incompris. Fréquemment, une partie des familles évite encore d’aborder ce sujet par honte ou déni.
Avec le statut de Grande Cause Nationale en 2025, l’objectif est de mobiliser les acteurs publics et privés pour lever ces tabous et améliorer les parcours de soins. Ce label permettra notamment de renforcer la sensibilisation grâce à des campagnes sur les médias nationaux et d’encourager un changement global dans la perception de la santé mentale en France.
Les grands axes de la Grande cause nationale 2025 pour la santé mentale
Le gouvernement a structuré son plan autour de quatre objectifs prioritaires :
- La déstigmatisation : sensibiliser le grand public pour changer le regard porté sur les troubles psychiques et mentaux.
- Le repérage précoce et la prévention : généraliser les formations et les campagnes de sensibilisation dans les écoles, les entreprises et auprès des professionnels.
- L’accès renforcé aux soins : développer des parcours adaptés, doubler le nombre de maisons des adolescents (actuellement 125) et créer de nouveaux métiers dédiés à la santé mentale.
- Un accompagnement global : soutenir les personnes concernées dans tous les aspects de leur vie, incluant la formation, l’emploi, le logement et les loisirs.
Des campagnes de sensibilisation pour déstigmatiser
Le gouvernement prévoit de mettre en place des campagnes nationales visant à lutter contre les préjugés liés aux maladies mentales. Ces initiatives auront pour objectif de mieux informer le grand public sur la réalité des troubles psychiques et de valoriser l’importance de demander de l’aide sans crainte de jugement.
Ces campagnes toucheront des canaux variés, comme les médias nationaux, les réseaux sociaux et les écoles. Elles sensibiliseront les jeunes générations, souvent confrontées à ces troubles, tout en incitant leur entourage à adopter une posture bienveillante et compréhensive.
En complément, des interventions ciblées dans les entreprises et les lieux de vie sociale sont envisagées pour atteindre les adultes actifs.
L’idée globale est de faire évoluer les mentalités, certes. Mais également de réduire la stigmatisation qui freine encore beaucoup de malades dans leur parcours de soins.
Premiers secours en santé mentale : former pour agir vite
La formation aux premiers secours en santé mentale devient une priorité pour le gouvernement en 2025. Ces programmes sont inspirés des formations de premiers secours physiques. Ils visent à équiper des non-spécialistes (enseignants, policiers, personnels de transport ou d’accueil) avec des outils pratiques, afin d’identifier rapidement les signes de détresse psychique ou de troubles émergents.
Par exemple, les enseignants, en contact direct avec les jeunes, apprendront à repérer les signaux faibles comme le repli social ou les troubles du comportement.
Les agents publics et professionnels de terrain bénéficieront également de ces formations pour intervenir efficacement face à des situations critiques, en amont de l’intervention médicale.
Cette approche, déjà mise en place dans plusieurs pays comme l’Australie et le Royaume-Uni, a prouvé son efficacité pour prévenir les crises graves et orienter rapidement les malades vers des soins adaptés.
Vers une meilleure prise en charge
Le renforcement des parcours de soins est une priorité pour améliorer la prise en charge des troubles psychiques en France. Le gouvernement souhaite développer des filières de psychiatrie intégrées, combinant différents niveaux de soins. Il veut renforcer les services de proximité comme les médecins généralistes, les psychiatres et les centres médico-psychologiques (CMP). L’objectif est de proposer une offre « graduée », c’est-à-dire adaptée à la gravité et aux besoins spécifiques de chaque patient. Cette approche pourrait fluidifier les parcours de soins et limiter les ruptures dans le suivi des malades.
Pour renforcer la coordination, les Contrats Locaux de Santé Mentale (CLSM) sont également mis en avant. Ces partenariats entre les acteurs locaux (hôpitaux, collectivités, associations) facilitent une réponse cohérente aux besoins des territoires.
Par ailleurs, un projet de numéro d’urgence psychiatrique est en cours d’étude. Il offrirait un contact direct avec des psychiatres. Cela permettrait d’intervenir rapidement dans des situations critiques comme des idées suicidaires ou des crises aiguës.
Ce dispositif, inspiré d’initiatives déjà en place dans certains pays européens, viserait à réduire le délai d’accès aux soins et à désengorger les services d’urgence.
En attendant la création de ce numéro d’urgence psychiatrique, nous vous donnons quelques numéros utiles à retrouver sur cette page : Les numéros de téléphone utiles à connaitre :
- Le Fil Santé jeunes au 0 800 235 236 pour les jeunes de 12 à 25 ans
- Le 3114, pour la prévention du suicide.
L’innovation au service de la santé mentale
Le plan France 2030 prévoit d’investir 10 millions d’euros dans des innovations technologiques dédiées à la santé mentale. Ces fonds encouragent des projets comme la télésurveillance et les outils connectés. Des outils pouvant transformer le suivi des patients à domicile. Les dispositifs connectés, tels que les applications mobiles ou les bracelets de suivi biométrique, permettraient de détecter des signes précoces de rechute ou d’aggravation d’un trouble. Les professionnels de santé pourraient ainsi intervenir rapidement, avant que la situation ne s’aggrave.
La télésurveillance, quant à elle, faciliterait la gestion des patients vivant dans des zones rurales ou souffrant de mobilité réduite. Grâce aux consultations vidéo et aux suivis à distance, les psychiatres pourraient maintenir un contact régulier avec leurs patients, tout en allégeant leur charge administrative.
Ces technologies, déjà utilisées avec succès pour d’autres pathologies chroniques comme le diabète, pourraient également inclure des thérapies numériques comme la réalité virtuelle pour traiter l’anxiété ou les phobies.
Agir dès la jeunesse
La détection précoce des troubles psychiques est indispensable pour limiter leur aggravation à l’âge adulte. En conséquence, le gouvernement envisage d’intégrer des évaluations renforcées lors des visites médicales obligatoires chez les enfants, notamment à 3 et 6 ans. Ces rendez-vous pourraient prévoir des dépistages spécifiques dans le but de repérer des signes de troubles émotionnels ou comportementaux. Par exemple, des questions ciblées sur les émotions, le sommeil ou les relations avec les autres permettraient de mieux cerner les besoins des enfants.
Cette approche vise à offrir un accompagnement adapté dès le plus jeune âge, tout en impliquant les parents, les enseignants et les professionnels de santé. Les écoles pourraient également jouer un rôle clé dans cette détection précoce grâce à des outils simples, comme des questionnaires ou des ateliers sur le bien-être émotionnel. En intervenant tôt, on peut limiter le développement de troubles plus graves et améliorer les chances de réussite scolaire et d’intégration sociale des enfants concernés.
Une approche interdisciplinaire
Une approche interdisciplinaire mobilisant les secteurs de l’éducation, du logement et du sport est indispensable. Elle permettrait une prise en charge complète des troubles psychiques. Des initiatives pourraient transformer la qualité de vie des personnes concernées. Comme les programmes de sensibilisation à l’école, les résidences médicalisées ou les activités sportives adaptées…
Plus d’information sur la Grande cause nationale 2025 sur le site du gouvernement. De même sur celui dédié à la santé mentale.
Vous trouverez également des ressources intéressantes sur la santé mentale et la psychiatrie sur Haute Autorité de Santé. Ainsi que des données épidémiologiques sur Santé publique France.
Faire de la santé mentale une grande cause nationale en 2025 représente une opportunité majeure pour améliorer les conditions de vie des personnes concernées. Cependant, le succès de ces mesures repose sur une mobilisation collective, impliquant professionnels, associations et citoyens. La santé mentale ne doit plus être un sujet tabou, mais une priorité de société. Ensemble, pouvons-nous relever ce défi et transformer la santé mentale en une priorité reconnue et soutenue ?
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