À l’occasion de la semaine Olympique et Paralympique organisée à Miribel Jonage, nous avons rencontré Valentin Remy. Coach en athlétisme, il nous explique comment se passe l’accueil des personnes en situation de handicap et quelles sont les adaptations mises en place.
Pouvez-vous vous présenter ?
Moi, c’est Valentin Remy. Je fais partie du Comité d’Athlétisme du Rhône comme salarié et agent de développement. J’interviens également dans deux clubs d’athlétisme : l’ACL à Tassin et CASCOL à Oullins.
Mon rôle consiste simplement à développer l’athlétisme sur tous les aspects, pour tout le monde, y compris les personnes en situation de handicap.
Les clubs d’athlétisme sont-ils ouverts au handicap ?
L’athlétisme n’a pas vocation à être handisport de base. Mais on a cette volonté d’amener les structures des clubs du côté du handisport, que l’on appelle, nous, le sport sous handicap. C’est une volonté qui va arriver dans les prochaines années et qu’on essaye déjà de mettre en place.
Par exemple, moi, je suis coach dans tous les domaines. Je m’occupe également de personnes qui ont des troubles mentaux comme l’Alzheimer, Parkinson ou encore de l’autisme. Aujourd’hui, je n’encadre pas beaucoup de handisport physique mais ça m’est déjà arrivé de le faire. Donc, chaque club, chaque coach peut encadrer ce domaine-là.
Sinon, il existe aussi une fédération dédiée à l’athlétisme handisport.
Comment ça se passe, si des personnes en situation de handicap veulent faire de l’athlétisme ?
La personne peut simplement se rendre dans un club d’athlétisme. On va déjà chercher à savoir si elle peut s’intégrer à un groupe qui existe déjà. Par exemple, une personne qui a des troubles légers peut potentiellement intégrer un groupe de running. Mais si elle ne peut pas, on va la prendre en individuel pour la remettre à niveau. Après, tout dépend du profil qu’on va avoir en face.
De toute façon, la priorité est de redonner à la personne confiance en elle et de l’aider à se remettre au sport. Puis à terme, qu’elle reste dans le club et qu’elle arrive à se développer toute seule. En effet, plus une personne va être autonome, plus elle va être efficace, donc on va l’amener dans cette direction-là. Mais aussi dans le cadre sportif, parce qu’on ne va pas s’amuser à faire des claquettes, ce n’est pas le but ! (rires)
Quelles sont les adaptations possibles ?
Dans tous les cas, le coach doit s’adapter en permanence. Quand on est face à des troubles particuliers, comme Parkinson, on ne va évidemment pas lui faire faire du javelot. Mais on va amener d’autres situations, pour faire travailler sur le handicap, la gestuelle… On trouve toujours une adaptation, handicap ou pas d’ailleurs. D’ailleurs, on essaye toujours de se focaliser sur les points faibles pour les rendre un peu meilleurs. On explique toujours dans l’athlétisme qu’il faut travailler ses points forts et ses points faibles.
Au final, peu importe le type de handicap, il y a toujours moyen de pratiquer ?
Il y a toujours moyen de faire du sport et de progresser dedans. La différence qu’il va y avoir, c’est au niveau de la patience du coach et surtout de la direction du club. Certains clubs sont assez ouverts et ont envie de travailler là-dedans, comme là où je travaille. D’autres clubs sont un peu plus fermés, cela leur paraît, généralement, trop compliqué à mettre en place. Mais aujourd’hui, la grande majorité des clubs d’athlétisme lyonnais vont accepter, à 90% je dirais. On a, par exemple, Lyon athlé qui a un pôle handisport dédié.
Quels sont les bénéfices pour une personne en situation de handicap à venir faire de l’athlétisme ?
Qu’il s’agisse d’athlétisme ou d’un autre sport, la priorité est de permettre à la personne de reprendre confiance en elle et la rendre autonome. Ensuite, c’est aussi de développer ses capacités physiques et son état physiologique. Une personne qui a un esprit fort aura tendance à évoluer plus vite qu’une personne, qui est, on va dire, fragile moralement. Moi, en tant que coach, je ne suis pas là pour la juger mais pour lui apprendre des choses. Alors, ça va être dur ! Je ne dis pas que ça va être simple, elle va en baver, mais les exercices sont toujours adaptés pour elle.
Existe-t-il des compétitions d’athlétisme pour les personnes en situation de handicap ?
Aujourd’hui, dans la fédération d’athlétisme, il n’y en a pas. Sauf dans certains cas particuliers, avec des trails ou des courses hors piste/hors stade, où on a des personnes en situation de handicap qui s’inscrivent. Par exemple, sur un trail de 5km, j’ai déjà vu des personnes courir avec Parkinson ou en fauteuil. Mais de la course sur piste ou de l’athlétisme en général, c’est encore compliqué.
Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?
Allez-y, franchissez la porte ! On vous attend toujours avec plaisir et avec le sourire !
Pour en savoir plus sur la pratique de l’athlétisme avec un handicap :
Fédération Française Handisport : https://www.handisport.org/les-29-sports/athletisme/
Comité d’Athlétisme Rhône Métropole de Lyon : http://rhone.athle.com/
Lyon Athlé : https://www.lyon-athletisme.com/
Propos recueillis par Angèle Duplouy