Le professeur Philippe Denis nous informe sur le glaucome. Cette maladie entraîne des troubles de la vision. Elle peut, si elle n’est pas bien prise en charge, devenir un « tueur silencieux ». Elle est d’ailleurs la première cause de cécité absolue en France.
Dans le cadre de la Semaine Mondiale du Glaucome qui a eu lieu du 6 au 12 mars derniers, le professeur Philippe Denis, chef de service d’ophtalmologie de l’Hôpital de la Croix-Rousse et président de la Société Française du Glaucome (SFG) a pu répondre à nos questions entre deux opérations.
Qu’est-ce que le glaucome ?
« Le glaucome est une neuropathie optique, c’est-à-dire, une maladie du nerf optique qui entraîne dans les cas extrêmes, une perte totale de la vision. La personne qui est atteinte par cette maladie ne se rend pas réellement compte du danger puisque c’est une maladie qui évolue sur de nombreuses années. Elle se caractérise souvent par une augmentation de la tension dans l’œil qui va écraser le nerf optique. En effet, le patient ne s’aperçoit pas tout de suite qu’il est porteur de cette maladie. »
Qui sont les personnes concernées par cette maladie ?
« D’après les chiffres de la sécurité sociale, c’est plus d’un million de personnes qui sont traitées pour cause d’hypertension oculaire ou de glaucome en France. Et on imagine que près de 400 000 personnes sont atteintes d’un glaucome sans le savoir. Alors, au total, ce serait près de 2 millions de personnes qui seraient porteuses de cette maladie. Le glaucome débute vers l’âge de 45 ans et l’augmentation du risque est exponentielle à partir de 70 ans. »
Comment se prémunir de cette maladie ?
« La meilleure prévention de la maladie, c’est le dépistage. Plus le patient est dépisté tôt, plus les traitements seront efficaces. Pour l’occasion de la semaine mondiale du glaucome, l’UNADEV s’est mobilisée en menant une campagne de sensibilisation et d’information. Un « bus du glaucome » a été créé par l’UNADEV pour dépister gratuitement dans toute la France. »
Comment soigner un glaucome ?
« Pour faire soigner un glaucome, il existe trois façons de procéder. Il faut savoir que ces soins reposent sur la correction de la pression oculaire. Alors, on va faire baisser cette tension grâce à des collyres, des lasers ou directement par la chirurgie, mais on commence en général par les collyres. Lorsque la personne est gravement atteinte, l’opération devient plus que nécessaire. »
Concernant les nouvelles technologies, y a-t-il des avancées pour les soins du glaucome ?
« Dans le domaine de l’ophtalmologie, il y a effectivement de nombreuses avancées. Pour les collyres, il y a désormais des produits sans conservateurs qui permettent de ne plus irriter la surface de l’œil. Autre avancée concernant ce procédé, les patients n’auront plus à mettre plusieurs gouttes par jour puisque, dans le même flacon, il y a désormais, plusieurs collyres, ce sont des combinaisons fixes. L’autre procédé qui a pu bénéficier d’une innovation est celui de la chirurgie. En effet, il est désormais possible de mettre des drains à l’intérieur de l’œil pour que le liquide causé par le nerf sorte plus facilement.Cette chirurgie micro-invasive du glaucome est surtout réservée aux glaucomes peu évolués, ou ceux qui souffrent parallèlement d »une cataracte. »
Combien de patients opérez-vous par an et comment cela évolue-t-il ?
« En France, nous opérons un peu plus de 15 000 chirurgies du glaucome chaque année, et il y a une incontestable engouement pour la chirurgie micro-invasive du glaucome. »
Propos recueillis par Noémie Rochefeuille