L’association Handétour propose à des cérébraux lésés de partir en vacances dans un cadre adapté, avec des accompagnants et de faire des activités qui sortent du commun, comme du jet ski ou du parapente. Rencontre avec Bernadette Filippi, présidente d’Handétour.
Est-ce que vous pouvez présenter un petit peu l’association ?
Alors Handétour, sous sommes une structure associative qui organise des séjours de vacances pour les cérébraux lésés, c’est-à-dire ceux qui ont une lésion cérébrale acquise et pas de naissance. La clé d’entrée, c’est le handicap cognitif, donc tout ce qui concerne la mémoire, la fatigue, l’orientation, la concentration… Handicaps auxquels sont associés d’autres handicaps comme la tétraplégie, la paraplégie… On les prend en charge dans l’organisation de séjours de vacances, dans les périodes de haute saison.
Comment se déroulent ces séjours pour les publics cérébraux lésés ?
Nous avons deux objectifs : tout d’abord on organise des activités, qui sortent le plus de l’ordinaire possible, comme du parapente, du parachute ascensionnel, du jet ski… Faire du parapente quand on est paraplégique, c’est quand même quelque chose ! Bien évidemment, chaque séjour est organisé en amont par Handétour, pour accompagner, préparer et contrôler au mieux. Notre deuxième objectif, c’est de permettre à nos vacanciers de couper de leur milieu de vie de toute l’année, en partant sans leurs familles. Nous recrutons des accompagnants, et nous mettons à disposition le matériel nécessaire au bien-être des vacanciers. S’il y a besoin d’infirmière, de soins spécifiques, tout est prévu en amont pour qu’il n’y ait aucune difficulté. Nous prenons en charge le transport, la logistique et le point de prise en charge du départ à notre retour. C’est du « all inclusive » comme disent les jeunes.
Combien de personnes peuvent venir dans ces séjours ?
On emmène des groupes de 8 personnes maximum. Chaque vacancier vient avec un accompagnant référent. C’est nous qui recrutons l’accompagnant de manière à ce que son profil soit le plus adapté au vacancier. En plus de tout ce monde, il y a un directeur et on propose ce programme dans différentes régions de France. Notre siège est à Versailles, mais on est présent sur tout le territoire.
Vous disiez que les familles ne pouvaient pas partir avec les vacanciers ?
Alors non effectivement, ce n’est pas dans notre modèle. L’idée c’est que le vacancier coupe de son milieu de vie de l’année et qu’en même temps les familles puissent avoir du répit. Parce que quand on a un proche qui demande des soins, de la disponibilité, ça demande beaucoup d’investissement. Il ne faut pas oublier que la lésion cérébrale, c’est quand même une grande fatigue, une difficulté de mémoire immédiate, et ça suppose d’être en permanence avec quelqu’un. Certains peuvent vivre seuls, mais ils sont très rares. Donc l’idée c’est que les familles prennent aussi du temps pour eux, et que d’un autre côté, les vacanciers puissent avoir leur vie sans avoir un regard extérieur. Et ce qu’on constate, c’est qu’à la fin des séjours et notamment, c’est assez visible chez les nouveaux, ils sont non seulement rayonnants, mais ils sont changés. Ils sont passés à autre chose.
Que voulez-vous dire par « ils sont changés » ?
Les cérébraux lésés, s’ils sont stimulés, qu’ils ont de la dynamique, vous les voyez changer. Chaque séjour on nous le dit et il faut le voir pour le croire. Au début, on pourrait dire, bon, elle raconte un peu. Mais non ! C’est une réalité qui nous est souvent remontée par les familles. Une fois, une maman nous a dit « J’ai retrouvé mon enfant comme avant ». Il est venu le voir dans la cuisine et il a discuté avec elle, alors que c’est quelqu’un qui a eu un accident et qui ne parle plus, qui est mutique. Et ça, quand on voit ça, ça motive. Quand on voit qu’une personne ne parle pas et que quand on a une activité de chant se met à chanter, on reste tous complètement estomaqués.
Quel est le prix des séjours que vous proposez aux cérébraux lésés ?
Ça a un coût évidemment, qui est élevé. Le prix varie en fonction du nombre de jours, du lieu, des activités… Sur le site d’Handétour.fr vous trouverez toutes les informations nécessaires, avec la liste de tous les séjours. Pour cet été on a quatre séjours. Un à Théoule-sur-Mer sur la baie de Cannes, un autre à Le Croisic près de la Baule, un autre à Amboise, avec au programme des visites de certains châteaux, et puis un quatrième à Evian, en face du lac d’Evian. Ce sont toujours des lieux très intéressants, totalement adaptés et avec des valides. Ce sont des séjours qui permettent l’inclusion.
Plus d’infos sur : https://www.handetour.fr/
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