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"Intouchables" : une fragilité triomphante par delà les clivages

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PARIS, (AFP) – Selon les professionnels du handicap, le triomphe du film « Intouchables » ou la rencontre entre un riche tétraplégique et une canaille des cités, s’explique par l’espoir qu’il suscite en montrant combien la fragilité peut être « féconde » en rapprochant par delà les clivages.

 

« C’est une force de vie qui irradie la France et quel beau remède contre la crise! », se réjouit Laurent de Cherisey, fondateur de l’association Simon de Cyrène, qui encourage la cohabitation entre personnes handicapées et valides.

Selon lui, 5% des bénéfices du film d’Eric Toledano et Olivier Nakache, qui a franchi la barre des cinq millions d’entrées en deux semaines – un des records absolus au box office – seront reversés à l’association, dont le président d’honneur est Philippe Pozzo di Borgo. C’est l’histoire de cet homme d’affaires devenu tétraplégique à la suite d’un accident de parapente que raconte « Intouchables ». François Cluzet l’incarne à l’écran et Omar Sy joue Driss alias Abdel, le Marocain qui s’est occupé de lui.

« Ce film symbolise une rupture culturelle à tous les niveaux: il replace le handicap dans l’ordinaire de la vie humaine et pose avec courage et intelligence la question de l’intime, de ce qui nous humanise, aimer et être aimé. Il réunifie l’humanité », résume enthousiaste Charles Gardou, anthropologue spécialisé dans les situations de handicap et professeur à l’université de Lyon II.

« Il rapproche, par la fragilité, deux mondes qui s’ignorent dans une société qui scinde, il nous fait rire de bon coeur en posant la réalité du handicap sans la pitié écrasante qui empêche l’autre d’exister, il fait une très belle distinction entre vivre et exister », ajoute M. Gardou.

« Ce film touche à l’essentiel: la relation à l’autre dans nos fragilités », insiste M. de Cherisey. « Il met en lumière le paradoxe entre une société où il faut être performant et notre fragilité, individuelle et collective, économique, sociale, psychique… Et c’est dans nos fragilités et nos failles que nous sommes féconds, lorsque nous osons conjuguer les différences en dépassant nos peurs. Le film le dit magnifiquement », ajoute-t-il, reprenant des idées qu’il développe dans son livre, « Le grain de sable et la perle »(Presses de la Renaissance).

Pour Arnaud de Broca, secrétaire général de la Fnath (fédération des accidentés de la vie), « Intouchables » est avant tout « une très bonne comédie qui traite d’un sujet grave avec beaucoup d’humanité » et qui « a le mérite de sensibiliser le public à la question du handicap en suscitant de l’espoir ».

« C’est aussi la rencontre entre deux milieux totalement différents et deux formes de discrimination, un film qui montre comment on peut redonner le goût de vivre et la confiance à quelqu’un au-delà de l’isolement et de la solitude », ajoute-t-il.Et « dans un contexte économique et social morose », estime Jean-Marie Barbier, président de l’association des paralysés de France (APF), « le film donne à voir une relation d’amitié, d’égalité et de solidarité entre deux personnes qui devraient être opposées ».

« Intouchables », qui vient de triompher au Festival international de Tokyo (Grand Prix et Prix d’interprétation pour les deux acteurs), a déjà ravi les acheteurs du monde entier, européens, australiens et américains – qui le distribueront aux Etats-Unis et prévoient un remake: il a suffi de huit minutes, montrées à Cannes en mai dernier, pour les séduire.

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