Article écrit par Céline Vincendon, journaliste.
Mardi 29 octobre 2024, la soirée annuelle du Club des Partenaires H+ Sport était organisée par la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Al Expo à Grenoble. Une soirée riche en émotions pour remercier les partenaires du club mais aussi sensibiliser au handisport et tisser des liens.
C’est un rendez-vous devenu incontournable chaque année.
La soirée Club des Partenaires H+ Sport a réuni un large panel de participants, des représentants de la région Auvergne Rhône-Alpes des dirigeants d’entreprises aux représentants d’associations, et évidement des sportifs en situation de handicap. Après un moment de rencontre et d’échange autour d’un apéritif, tous se sont retrouvés pour partager un délicieux repas, dans une ambiance conviviale.
Cette soirée a été marqué par les témoignages, chargés d’émotions, de ces athlètes uniques aux parcours atypiques. Ils ont ainsi offert à l’assemblée un aperçu des défis auxquels ils font face chaque jour mais aussi des nombreuses victoires qui les animent, avec un objectif commun en ligne de mire : les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver 2030.
Et le message est passé : beaucoup de sportifs sont dans le besoin et attendent d’obtenir des partenaires/sponsors afin d’acquérir des moyens ou un équipement sportif adéquat à leur pratique mais aussi pour les accompagner dans leur quête de performances. AlpExpo, l’un des partenaires du club, a remis un chèque de 1000 euros au cours de la soirée.
Un club engagé pour un projet à dimension humaine
Le sport joue un rôle fondamental dans l’inclusion des personnes en situation de handicap. C’est entre autres chose la raison d’être du Club des Partenaires H+ Sport, soutenu par la Région Auvergne-Rhône-Alpes, dont le fonctionnement est assuré par les Ligues Auvergne-Rhône-Alpes Handisport et Sport Adapté. Ce réseau d’entreprises et d’associations a été créé dans le cadre de la Grande cause régionale 2018 « Sport et Handicap » et réunit des entreprises privées, des associations et des fondations pouvant concrètement soutenir la pratique sportive des personnes en situation de handicap.
En offrant aux entreprises un cadre pour échanger et s’engager concrètement, le Club valorise les initiatives de mécénat, ce qui permet de financer des projets concrets sur tout le territoire.
Pour Sandrine Chaix, vice-présidente de la Région Auvergne-Rhône-Alpes : « Le Club H+ Sport permet de sensibiliser les entreprises aux enjeux du handisport et de les inviter à agir. Par leur engagement, elles offrent aux personnes handicapées les moyens de s’épanouir et de se dépasser. Nous avons de nombreux jeunes talents qui aspirent à atteindre le plus haut niveau mais pour cela, il leur faut des moyens, des encadrants formés, et surtout un regard bienveillant de la société ».
Récemment, les Jeux Paralympiques de Paris ont suscité un engouement énorme. Mais comment faire pour que cet enthousiasme ne retombe pas ? Pour Sandrine Chaix, ce ne doit pas être une page qui se tourne, mais un livre qui s’ouvre. Selon elle, il faut avant tout changer le regard que l’on a sur les athlètes handisport. « Ce sont des personnes extrêmement engagées, avec des années d’entrainement derrière eux. Ils ont en retour peu de visibilité et peu de soutien. Il est donc important que les entreprises voient ce que les personnes en situation de handicap peuvent leur apporter, l’image qu’elles véhiculent. Les entreprises peuvent s’inspirer de leur parcours, cela peut apporter plus de cohésion et booster leurs équipes ».
Le soutien financier : un levier pour le développement de projets
Le financement et les soutiens sont cruciaux pour les athlètes handisport. En contrepartie, les entreprises peuvent obtenir de nombreux avantage à devenir partenaire. Grâce à la « Loi Aillagon » de 2003, celles-ci, ainsi que les particuliers, peuvent bénéficier d’avantages fiscaux.
Ludovic Lemoine, athlète handisport en escrime et médaillé de bronze aux JO handisport de Paris, a témoigné de l’aide précieuse que les partenaires peuvent apporter : « Le soutien régulier des entreprises nous permet de nous équiper et de répondre à des problématiques qui peuvent être bloquantes dans notre progression. Pour participer aux JO, il y a 18 mois de sélection ! »
C’est par exemple le cas de l’entreprise Mathieu Janin qui le suit depuis plusieurs années, et n’en retire que du positif. « Un athlète paralympique se bat durant de nombreuses années. Un parcours durant lequel il connaît des hauts mais aussi des bas, pour que finalement, la victoire se joue en quelques minutes lors de la compétition finale. Pour une entreprise, c’est un peu la même chose. Le parcours de Ludovic est très inspirant, et notre partenariat n’est pas qu’un investissement, il a des retombées qualitatives », explique le gérant.
Benjamin Laurent, à la tête de Cortex Media, évoque le mécénat de compétence. « Nous sommes une jeune structure, avec peu de moyens, mais avec beaucoup de ressources immatérielles. Nous diffusons l’émission Zoom sur TV5 Monde qui peut donner une visibilité importante aux sportifs. »
Le Club des Partenaires H+ Sport offre également aux entreprises la possibilité de soutenir, non seulement des athlètes mais aussi des initiatives et projets spécifiques. Elisa Martin-Borie, athlète handisport en natation, a expliqué au micro rechercher de l’aide pour apprendre à communiquer sur les réseaux sociaux et se mettre en valeur.
Le soutien des partenaires permet d’autre part, de financer des équipements spécifiques et de soutenir les sportifs dans leurs déplacements, indispensables pour participer aux compétitions internationales, et leur permettre de se concentrer sur leurs performances.
L’espoir d’une ouverture aux personnes trisomiques aux Jeux Olympiques
La soirée partenaire a également permis de mettre en lumière un combat d’une importance particulière dans le monde du handisport : celui de l’inclusion aux Jeux Paralympiques des personnes atteintes de trisomie 21. En effet, si elles peuvent prendre part au sport adapté, elles sont en revanche exclues de cette compétition. « Aujourd’hui, nous avons des athlètes de sport adapté qui sont champions du monde, mais qui n’ont pas leur place au JO », déplore Sandrine Chaix. Une injustice pour Marie Graftiaux, athlète handisport de natation en sport adapté et trisomique. « Quand je vois ces athlètes aux JO à la télévision, monter sur le podium, je me dis que je peux le faire aussi ! », s’exclame la jeune fille sur scène, avant d’appeler Ludovic Odobes. Lunetier, il équipe Marie depuis de nombreuses années. « Elle a besoin de lunettes pour nager, et nous avons tout de suite eu un bon feeling. C’est une personne très attachante. » Comme d’autres sportifs trisomiques de haut niveau, elle a porté la flamme olympique. Une situation qu’elle a vécue avec fierté, mais avec une pointe d’amertume. Un sentiment partagé par tous d’ailleurs, et que Ludovic résume bien : « Porter la flamme c’est une belle chose mais aujourd’hui, nous aimerions la voir dans les bassins olympiques ! »
La région AURA souhaite donc que les barrières tombent et met tout en œuvre pour promouvoir une intégration totale où des athlètes atteints de trisomie 21 auraient une place pleine et entière au sein des compétitions olympiques.
Des projets d’inclusion pour un sport accessible à tous
Créée en 1966, la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes Handisport (LAURAH) est devenue un pilier incontournable pour le développement du sport adapté dans la région. Forte de ses 4000 licenciés, répartis dans 160 clubs et sections handisport, la Ligue soutient chaque année des centaines de sportifs et organise de nombreux événements. Elle propose une cinquantaine de disciplines, du loisir à la compétition, et se distingue par sa forte représentation aux Jeux Paralympiques : 14 % des athlètes aux Jeux d’été et 75 % aux Jeux d’hiver viennent de la région.
La Ligue Auvergne-Rhône-Alpes Handisport propose une large gamme d’activités adaptées aux différents types de handicaps. « Nous travaillons à rendre le sport accessible à tous, qu’il s’agisse de sport de nature, de sport individuel, collectif ou encore partagé, » a expliqué Emmanuelle Thomas. Les programmes proposés s’adressent aussi bien aux jeunes qu’aux adultes, avec une attention particulière portée à l’intégration des personnes handicapées en milieu scolaire.
L’une des actions phares est le sport partagé, qui réunit des sportifs valides et handicapés. Cette initiative contribue non seulement à l’inclusion mais également à changer le regard du grand public sur le handicap.
Aux côtés des athlètes, la présence inestimable des aidants
Les aidants, piliers silencieux du parcours des athlètes en situation de handicap, n’ont pas été oubliés. Ils apportent un soutien indispensable qui va bien au-delà de l’assistance physique. « Les aidants ne sont pas seulement présents pour faciliter le quotidien, ils sont des partenaires de vie et de réussite pour les sportifs », souligne Sandrine Chaix. Qu’il s’agisse de l’entraînement, de la préparation logistique ou de l’encouragement moral, leur contribution est essentielle à chaque étape. « Sans ma maman, toujours à mes côtés, je ne serais jamais allée aussi loin », confie Floriane Lantoine, sportif en athlétisme.
Grâce à leur soutien, le sport devient un vecteur d’inclusion où les sportifs handicapés peuvent surmonter des barrières et atteindre leurs objectifs dans des conditions optimales.
Le handisport, un vecteur de changement social
L’inclusion est perçue comme un levier de changement et d’innovation, permettant de dépasser les préjugés et de valoriser les talents. Le Club des Partenaires H+ Sport représente ainsi bien plus qu’un simple réseau de soutien : il incarne une vision d’avenir, où le handicap est perçu comme une source d’enrichissement pour toute la société.
Grâce aux entreprises, aux associations et aux particuliers qui le composent, ce réseau innovant ouvre la voie vers un sport où chacun, quelles que soient ses capacités, peut s’épanouir. Sandrine Chaix conclu sur une vision d’avenir : « Nous avons vibré et vécu des moments magiques durant les JO Paralympiques de Paris. Il y a peu, j’ai pu entendre la marseillaise à de nombreuses reprises aux Global Games à Vichy. Œuvrons ensemble pour que nous vivions de beaux JO 2030 dans les alpes. C’est un gros challenge, qui permettra de sublimer la montagne avec des athlètes incroyables. Ce sera un grand moment ».