Najwa Awane, le visage marocain du tennis en chaise roulante
Par pauline Maisterra. Championne du Maroc de tennis en chaise roulante, Najwa Awane, 23 ans, s’apprête à relever son plus grand défi : les Jeux Paralympiques de Tokyo prévus du 24 août au 5 septembre 2021. Un challenge de taille pour cette jeune marocaine qui a dû surmonter de nombreux obstacles pour atteindre les sommets. Portrait.
Sur le court de tennis, Najwa Awane fait des étincelles. Son coup droit, ses revers, la championne du Maroc de tennis en chaise roulante sait imposer son rythme et son jeu, pour le plus grand désespoir de ses adversaires. Qualifiée depuis le 2 juillet 2021 pour les Jeux Paralympiques de Tokyo organisés du 24 août au 5 septembre, la jeune sportive de haut niveau a retrouvé le sourire après deux ans de préparations laborieuses perturbées par la pandémie de Covid-19. « Je me suis démenée pour en arriver là », lance cette casablancaise. En effet, Najwa Awane est une battante depuis son plus jeune âge.
L’amour du sport
« C’est le sport qui m’a aidée à relever la tête lorsque je sombrais », confie-t-elle. En 2008, alors âgée de 9 ans, Najwa est mordue par un chien, l’obligeant à subir une intervention chirurgicale avant de se retrouver amputée de sa jambe gauche. Sa vie bascule. « À cette époque-là, je pratiquais la course et le karaté, se remémore-t-elle. J’étais déjà une passionnée de sport. » Mais son accident l’a fait tomber dans la dépression. Najwa se referme sur elle-même jusqu’à l’âge de 13 ans. « À quoi bon ? », lâche-t-elle. Son prothésiste lui fait changer d’avis. « Il m’a fait découvrir le handisport, raconte-t-elle. Il m’a même mise en contact avec le champion paralympique marocain de triathlon Mohamed Lahna. » Son échange avec l’athlète lui fait l’effet d’un électrochoc. « Grâce à lui, j’ai réalisé que même avec un handicap, ma vie ne s’arrêtait pas. Je pourrais toujours être sportive et indépendante ! », Najwa renaît.
Une révélation
À 13 ans, l’adolescente cherche des clubs pour pratiquer le sport. « Cela a été difficile d’en trouver un », se rappelle-t-elle, avant de trouver son bonheur auprès de l’association Idmaj qui lui fait découvrir le tennis en chaise roulante. « Les débuts ont été chaotiques, se souvient-elle, car je n’arrivais pas à faire le deuil de ma jambe. Je me voyais courir sur le terrain alors que j’étais en fauteuil. » Petit à petit, Najwa se fait une raison, emportée par sa passion naissante pour le tennis. Au même moment, elle intègre la Fédération Royale Marocaine des Sports pour Personnes aux Besoins Spécifiques. Pablo Arria Nogera, l’entraîneur de l’équipe nationale de tennis en chaise roulante, la remarque lors d’un mini-stage. En trois jours, il la voit rapidement progresser. Convaincu de son potentiel, il ne la lâche plus.
L’étoile montante
De 13 à 17 ans, la jeune femme multiplie tant bien que mal les entraînements. « Cela n’a pas été simple car à l’époque, aucun club ne voulait m’ouvrir sa porte, par peur que j’abîme le terrain avec mon fauteuil », déplore-t-elle. Aussi, elle profite des stages proposés par la fédération, pour s’entraîner. Le reste du temps, elle se fait la main en jouant à la raquette contre un mur. Mais déterminée et surtout douée, Najwa remporte très rapidement les compétitions. Ainsi, elle passe de la 140e place mondiale en 2016 à la 45e en 2017. En 2018, elle se classe au 36ème rang mondial, devenant aussi championne d’Afrique … et du Maroc. « Depuis, je remporte, chaque année, ce titre », précise-t-elle.
Tokyo au bout du tunnel
En 2019, Najwa fait un pari fou. Elle décide de se consacrer durant une année entière à la préparation des Jeux Paralympiques de Tokyo initialement prévus en 2020. Ainsi, elle joue très peu en compétition, dégringolant dans le classement mondial. « C’était un choix, mon choix », appuie-t-elle. La pandémie de Covid-19 a malheureusement chamboulé tous ses plans. En plus d’avoir perdu les acquis de son entraînement intensif, elle doit tout recommencer. Se relever. Elle le fait malgré le coup, mental et financier, encaissé. « Participant rarement aux compétitions, je n’ai perçu quasiment aucune prime, aussi petite soit-elle, attribuée lors de matches remportés, pointe du doigt cette étudiante en Master Ingénierie et Technologie de l’éducation et de la formation. Heureusement que la Fédération propose quelques stages d’entraînement. Heureusement aussi qu’un sponsor, MDJS, me soutient depuis 2018 ». Najwa tient le cap malgré vents et marées, et ce, avec le sourire. Une joie de vivre qu’elle partage notamment sur les réseaux sociaux. « À travers mon compte Instagram, j’essaie de véhiculer une autre image des personnes à mobilité réduite au Maroc », glisse cette jeune femme dynamique élue récemment membre (2021-2022) de la Fédération internationale de tennis Wheelchair. « Je compte être la voix de toutes les athlètes handisport, notamment d’Afrique, qui ne trouvent même pas un terrain pour performer alors qu’elles regorgent de talent. » En d’autres termes, que ce soit sur le terrain ou dans une assemblée, Najwa Awane compte bien gagner la partie !
Pauline Maisterra
En photo : Najwa Awane : « C’est le sport qui m’a aidée à relever la tête lorsque je sombrais » © Pauline Maisterra
Pour en savoir plus sur les Jeux Paralympiques : https://france-paralympique.fr/