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Paralympiques 2016: Dans les coulisses de la délégation française #1

Paralympiques 2016 Emmanuelle Assmann
Branly – Spot 2 – PC
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Jeux Paralympiques 2016 à Rio : « Changer les regards et promouvoir l’équité »

Elle sera chef de délégation de l’équipe de France handisport tout au long des Jeux Paralympiques 2016 de Rio. Nous sommes allés à la rencontre d’Emmanuelle Assmann, présidente du Comité paralympique et sportif français.

Pouvez-vous nous présenter votre rôle en tant que présidente du Comité Paralympique et Sportif Français ?
Au quotidien je suis présidente du comité paralympique et sportif français, et donc à ce titre je serai chef de délégation à Rio. Je ne serai pas au village, mais à l’extérieur. Mon rôle consiste notamment à coordonner la préparation pour que les athlètes soient dans les meilleures conditions à Rio. Les fédérations les préparent au niveau sportif, alors que nous préparons leurs déplacements, leur vie sur place, et tout ce qui est club France : la maison de la France à Rio où l’on fête les médailles, où l’on reçoit les partenaires – qui peuvent voir la vitrine des athlètes qu’ils soutiennent. Ma mission vise aussi à faire parle des Jeux Paralympiques, valoriser les performances des athlètes et les mettre dans les meilleures conditions pour qu’ils puissent performer.

Le Comité Paralympique et Sportif Français, qu’est-ce que c’est ? À quoi est-ce qu’il sert ?
Le Comité Paralympique et sportif français (CPSF), c’est comme le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) mais pour les Jeux Paralympiques.

Il existe deux grandes instances internationales pour les jeux : On a le Comité International Olympique (CIO) pour les instances olympiques internationales, et on a le Comité International Paralympique (IPC). Chacun a des représentants dans chaque pays. En France, le représentant du CIO est le CNOSF et le représentant de l’IPC est le CPSF.





Le CPSF gère tout ce qui concerne le sport paralympique en France, et il est ouvert depuis 2013 à toutes les fédérations. Historiquement c’était principalement les fédérations Handisport et Sport Adapté qui géraient tout le sport paralympique en France et maintenant il y a de plus en plus de fédérations membres, soit 20 actuellement. Et plus particulièrement pour les Jeux paralympiques de Rio, il y a 5 fédérations qui préparent des athlètes : la fédération de canoë-kayak, de triathlon, d’aviron, handisport et sport adapté.

Parlez-nous de l’organisation des jeux paralympiques cette année. Y a-t-il des particularités par rapport aux éditions précédentes ?
Nous avons deux nouveaux sports représentés : le canoë-kayak et le triathlon. Ils seront aux Jeux Paralympiques pour la première fois. C’est un peu une inconnue sur le nombre de pays qui seront là et leurs performances, mais en tout cas les français iront chercher les médailles.

C’est sera aussi la première fois que des Jeux Olympiques et Paralympiques seront organisés en Amérique du Sud. C’est un continent qui n’a jamais accueilli de Jeux, donc on espère que les cariocas (habitants de Rio) viendront nous rejoindre dans les stades. La splendide Baire de Rio sera un bel écrin pour les compétitions.

On a une petite inconnue sur les transports, c’est possible qu’il y ait un peu de temps pour les sportifs pour se rendre sur les lieux de compétitions comme il y aura 4 pôles différents. Mais après on sait aussi que les Brésiliens ont déjà accueilli de grands événements et donc qu’ils sauront faire.

Est-ce que l’accessibilité est bien intégrée sur ce continent ?
Il y a du boulot… Mais on dit souvent que c’est bien quand les Jeux Paralympiques arrivent dans un pays, parce que du coup on arrive à avoir une vraie progression sur l’accessibilité. Pour ma part j’y suis allée en 2006 et c’était tout de même assez compliqué. Là, tous les transports qui ont été créé sont en principe accessibles. Le bus, le métro… Ils ont construit des hôtels qui forcément ont été conçus pour répondre aux normes d’accessibilité. Donc il y a du progrès, même s’il reste du travail à faire, tout comme en France d’ailleurs. En tout cas le fait qu’ils organisent ces Jeux les a fait progresser et c’est souvent un accélérateur pour l’accessibilité.





À Londres, en 2012, ce qui a été vraiment impressionnant, c’est la manière dont toute la société britannique s’est emparée des Jeux Paralympiques et le fait que tous les stades aient fait le plein… On n’avait jamais vu des stades aussi pleins pendant tout le long des Jeux. Là on a cette petite inconnue pour cette première sur le continent américain mais je suis sûre qu’il y aura du monde dans les stades pour acclamer les athlètes, et on a à cœur de vivre cette joie brésilienne.

Quelles sont les valeurs que vous souhaitez voir ressortir durant ces Jeux Paralympiques de Rio 2016 ?
Pour la valeur la plus importante qui doit ressortir lors de ces Jeux, c’est l’équité. On parle souvent d’égalité mais l’équité est quelque chose qui résonne encore plus parce que ça veut dire « tenir compte de la différence de chacun pour lui donner accès à la même chose ». Ce n’est pas nier la différence, ni la banaliser. Nos athlètes, si quand ils sont face à un escalier ils peuvent être en difficulté, part contre, quand ils font de l’escrime ils peuvent battre tout le monde. On est différents mais c’est aussi ces différences-là qui font qu’on prend plaisir à se rencontrer, à partager, et qui font que notre société est aussi belle. Si l’on était tous pareil on n’aurait rien à se dire. Après, la question c’est comment on fait pour que cette différence-là ne soit pas vécue comme un obstacle à l’intégration dans notre société. Et c’est vrai qu’il y a encore du boulot, on parle d’accessibilité en France, la candidature de Paris 2024 on a envie de la soutenir et de la porter aussi pour ça. Et puis il y a un changement de regard que l’on veut provoquer, que plus personne n’ait peur d’aller vers une personne en situation de handicap. On peut nous parler comme à tout le monde. Parfois on a besoin d’un coup de main pour une marche ou un escalier, ou une personne non-voyante pour traverser la rue… mais il y a d’autres moments où c’est nous qui allons donner un coup de main au travail ou dans la vie de tous les jours.

Que pensez-vous de l’évolution du relais médiatique du handisport et des Jeux Paralympiques au cours des dernières années ?
Pour nous Londres ça a été un vrai tournant, notamment pour les médias français, qui nous ont dit qu’ils étaient passés à côté et que Chanel 4 avait montré la voie. Ils ont montré qu’ils pouvaient faire du direct, proposer des programmes et faire toute leur antenne sur les Jeux Paralympiques, et que les gens étaient derrière leur télévision à suivre les compétitions. Derrière cela, on a eu France télévision qui a joué le jeu à Sochi en 2014 en proposant 60h de direct, ce qui semblait énorme à ce moment-là. Il fallait quelqu’un qui montre que c’était possible.

On a souvent entendu : « C’est pas qu’on ne veut pas diffuser, c’est que personne ne va regarder ». On a donc un vrai challenge cette année, France télévision a mis le paquet avec 100h de direct, des documentaires et une promotion sur les chaînes de France Télévision, des clips explicatifs et de sensibilisation. On a à cœur qu’il y ait des supporters derrière les écrans pour suivre ces épreuves en direct. Ça a tout changé à Sochi. Quand on suit une course de Marie Bochet et qu’on la voit gagner en direct, ce n’est pas pareil que si on a une vidéo et qu’on est en différé.

Le fait aussi que les Jeux Paralympiques soient diffusés en direct, ça peut aussi vraiment changer le regard du public. C’est un spectacle sportif et on peut prendre du plaisir à regarder une compétition. On a fait des programmes pédagogiques pour expliquer les systèmes de classification. Une fois que les gens auront vu ces programmes et compris ces classifications qui permettent de conserver une bonne équité selon les handicaps, ils seront pleinement en mesure d’apprécier. En amont de chaque diffusion d’épreuve sportive, il y aura un petit explicatif. Ces mini-reportages seront également consultables via les réseaux sociaux.

Le challenge c’est qu’il n’y ait plus jamais un jeune ou un moins jeune qui se dise « parce que j’ai un handicap, je n’ai pas accès au sport ». On peut le penser et tout d’un coup voir un athlète et se dire : « Moi, mon frère, mon fils, mon cousin… avec le même handicap il est tout de même possible de faire ce sport ». J’ai déjà eu des coups de fil après Sochi, où un petit garçon m’a dit : « J’ai le même handicap que Marie Bochet, je ne pensais pas pouvoir faire du ski. Je vais m’inscrire dans un club à la rentrée ! ».

Comment imaginez-vous la France au tableau final des médailles?
Notre objectif c’est d’être le plus près possible du top 10, aussi d’avoir plus de médailles d’or que pour l’édition précédente. On en a récolté 8 à Londres, l’objectif est d’être au moins à 10. Après entre la 15e et la 10e place ça va se jouer à rien.

Un petit mot sur le porte-drapeau ?
Michaël Jérémiasz a deux grandes qualités pour être le porte-drapeau lors de ces Jeux Paralympiques. La première c’est l’envie de partager sa passion et d’emmener toute l’équipe vers la performance. La deuxième c’est sa détermination. Je pense qu’il est vraiment déterminé à relever les challenges avec nous. Je pense qu’il remplira très bien son rôle et emmènera la délégation française jusqu’au bout et sur les podiums.

Jeux Paralympiques 2016 : L’essentiel en quelques chiffres
• La délégation française sera composée de 230 personnes, parmi lesquelles :
– 104 cadres médicaux, techniques et administratifs ;
– 126 athlètes français dont 42 femmes et 54 hommes.
– Le porte-drapeau de la délégation française sera Michaël Jérémiasz, joueur de tennis fauteuil multi-médaillé aux jeux paralympiques, avec notamment une médaille d’or en double lors des Jeux de Pékin en 2008.
• Les sportifs français sont engagés dans 17 disciplines.
• Deux nouvelles disciplines seront présentes aux Jeux paralympiques cette année : le paratriathlon et le canoë-kayak – avec chacun des représentants français.
• Les Jeux Paralympiques de Rio auront lieu du 7 au 18 septembre 2016.
– 23 sports seront représentés à travers 528 épreuves.
– Les athlètes de 126 pays viendront s’affronter.
– Plus de 30 000 volontaires seront mobilisés à Rio pour assurer le bon déroulement des compétitions.

 

Plus d’infos sur: cpsf.france-paralympique.fr

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