Peut-on vraiment rire des sketchs sur le handicap ? Lorsque ce sont les humoristes handicapés qui transforment leur handicap en source d’inspiration comique : on peut ! Une façon pour eux de montrer que l’humour est un puissant moyen de surmonter les obstacles.
Pleins feux sur les portraits de quelques humoristes qui jonglent avec la vie et l’humour. Prouvant que même les rires peuvent être en équilibre parfait sur le fil de la différence !
7 humoristes handicapés : des talents qui dépassent la barrière du handicap
Lilia Benchabane – malvoyante et albinos
« Vous voyez ma main ? … Eh bien, pas moi ! ».
Une manière originale de commencer son show. Humoriste atteinte d’albinisme occulo-cutané, Lilia Benchabane propose un spectacle au ton résolument humoristique. Intitulé « Attention handicapée méchante », elle annonce tout de suite la couleur. Malgré sa condition visuelle quasi aveugle, elle choisit de bousculer les spectateurs avec de l’humour noir. Elle utilise notamment l’autodérision comme un superpouvoir pour s’accepter et sensibiliser.
Quentin Ratieuville – syndromes de Marfan et de Loeys-Dietz
“Je vais me présenter déjà, je m’appelle Quentin. J’ai 18 ans. Ouais, j’ai vraiment 18 ans. Je sais qu’on dirait un gamin de 8 ans dans une pub pour Action contre la faim, mais j’ai vraiment 18 ans. Et j’ai pas faim”.
Voilà comment commence le spectacle de Quentin Ratieuville. Un jeune normand humoriste atteint de deux maladies orphelines : syndromes de Marfan et de Loeys-Dietz, ayant survécu à 21 opérations.
Il utilise l’autodérision avec talent, afin de mettre le public à l’aise. Mais toujours avec une touche sérieuse pour souligner les conséquences de la discrimination envers les personnes handicapées.
Florence Mendez – trouble du spectre autistique
« Mon plus gros problème, c’est les gens ! Je suis aussi à l’aise que Laurent Voulzy dans un pogo ! ».
Voilà un des soucis que rencontre Florence Mendez dans ses interactions sociales. Et si elle en parle avec dérision, c’est pour sensibiliser sur un trouble de santé mentale dont elle est atteinte.
Florence Mendez est une humoriste, comédienne et chroniqueuse belge. Elle a été diagnostiquée d’un trouble du spectre autistique à l’âge de 30 ans : une forme d’autisme sans déficience. Elle est également HPI (Haut Potentiel Intellectuel). Touchante et drôle, elle se distingue par sa répartie acide et sa vivacité d’esprit sur scène. Elle partage avec le public, sans vulgarité, des moments drôles de sa vie quotidienne et explore sa différence. Elle décrit, avec brio, des situations sérieuses sans se moquer, mais plutôt pour sensibiliser le public à ces réalités.
Valentin Reinehr – Bègue
« Je ne suis pas né bègue… C’est comme con et raciste, tu le deviens. Le pire dans tout ça, ce sont les gens qui finissent ma phrase. S’il vous plaît arrêtez ! ».
L’humoriste Valentin Reinehr est bègue depuis ses quatre ans. Il est par ailleurs dyslexique, dyspraxique, et a surmonté des séquelles psychomotrices. Il utilise l’humour pour transformer son bégaiement en force. Son objectif est de transmettre un message d’optimisme, montrant que tout est possible malgré les défis. Son spectacle aborde la cause du bégaiement, touchant environ 1 % de la population mondiale, soit environ 650 000 personnes en France. À noter : le bégaiement est un handicap reconnu par la MDPH.
Stef Binon – paraplégique
« Handicapés à louer, bonjour ! ».
Imaginez… Pouvoir louer des handicapés pour nous ‘faciliter’ la vie dans les parkings ou les magasins. Ça parait absurde ? Eh bien Stéphanie Binon l’a fait ! De son nom de scène Stef Binon, l’humoriste en fauteuil roulant nous emmène dans son monde de dérision. Elle aborde des sujets variés, du quotidien aux défis du handicap, avec une perspective légère et positive. Dans son One Woman Sit-Up Show, elle nous emmène dans ses réflexions sur le handicap. Démontrant ainsi qu’on peut rire de tout, y compris de soi-même.
Doully – syndrome de Charcot-Marie-Tooth
« Quand c’est pas écrit ‘handicapé’ sur ta gu***, on te prend forcément pour un co*** qui veut frauder ! Je ne vais quand même pas me mettre à baver dans le bus pour avoir le droit de m’assoir. ».
Doully est crue, mais elle dit tout haut les choses que d’autres pensent parfois tout bas. Doully est une humoriste, chroniqueuse et actrice. Ancienne toxicomane, elle parle beaucoup de son addiction dans ses sketchs. Il y a quelques années, elle consulte un spécialiste à cause de nombreuses douleurs. Le diagnostic tombe, elle est atteinte du syndrome de Charcot-Marie-Tooth. Une pathologie qui entraine des faiblesses musculaires. Une maladie qui lui cause régulièrement des remarques désobligeantes lorsqu’elle présente sa carte prioritaire de handicap. De quoi agrémenter ses chroniques avec beaucoup d’humour, tout en mettant en lumière le handicap invisible.
Guillaume Bats – maladie des os de verre
« Je suis né avec la maladie des os de verre, je suis né avec 27 fractures !! Impressionnant non ? Ce qui fait de moi, le champion de fractures post-natales ! ».
Nous ne pouvions pas faire un article sur les humoristes handicapés sans parler de Guillaume Bats. L’occasion de rendre un hommage sincère à un ‘grand’ humoriste qui ne lésinait sur l’autodérision et l’humour noir. Décédé en juin 2023, il laisse un grand vide dans la famille des artistes et dans le cœur de son public.
La puissance de l’inclusion : que nous apportent ces humoristes handicapés ?
Intégrer des humoristes handicapés dans le monde du spectacle apporte beaucoup au monde du handicap. Tout d’abord, cela permet de promouvoir la diversité et l’inclusion, montrant que le talent va au-delà des différences physiques.
Ces artistes apportent une perspective unique à l’humour. Ils offrent une occasion précieuse au public de remettre en question les stéréotypes préexistants et de célébrer la richesse de la diversité humaine.
De plus, leur présence sur scène encourage l’empathie et la compréhension. Ils sensibilisent le public aux défis auxquels font face les personnes handicapées au quotidien. En favorisant une représentation authentique, ces humoristes contribuent à changer les perceptions.
Ils permettent de construire un monde plus inclusif, où chacun est reconnu pour son talent plutôt que pour ses différences physiques.
En fin de compte, les avantages de leur présence vont bien au-delà du divertissement, créant un impact significatif sur la société.
Puisque l’humour et le handicap sont compatibles, nous vous proposons de découvrir d’autres façons de rire. En termes de séries destinées à promouvoir le handicap et l’inclusion, « Handicops » tient ses promesses.
Sur la même lancée, « Alors » est une série qui met en avant avec humour, le quotidien d’une jeune femme en situation de handicap.
Et si vous êtes adeptes des dessins, Marine Le Mercier vous a concocté un ouvrage brise-tabou : « Mon cahier de des seins », histoire de rire de son cancer. Sa manière à elle de relativiser et de surmonter sa maladie.