De nos jours, l’accès aux soins gynécologiques pour les femmes en situation de handicap reste un défi majeur. Cet article explore les défis auxquels sont confrontées ces femmes, tout en mettant en lumière les initiatives telles que Handigynéco visant à améliorer l’accès aux soins gynécologiques.
On fait le point sur les soins gynécologiques des femmes en situation de handicap
Selon une étude menée par L’Agence Régionale de Santé (ARS) d’Ile-de-France, seulement 58 % des femmes en situation de handicap bénéficient d’un suivi gynécologique régulier. Alors qu’elles sont 77 % à consulter dans la population générale.
Cette étude, appelée « Handigynéco-IdF », a été réalisée auprès de 1 000 femmes en situation de handicap. Dont 34 % ont un handicap moteur et 21 %, un handicap psychique. Sur ces 1 000 femmes, 85,7 % n’ont jamais eu de mammographie et 26 % n’ont jamais eu de frottis. Selon elles, les freins principaux identifiés sont :
- des problèmes d’accessibilité
- un manque de reconnaissance financière dû aux consultations longues et complexes
- une absence de formation et de matériel des professionnels de santé face aux spécificités du handicap
- un manque de temps de la part de ces derniers
Le suivi gynécologique des femmes en situation de handicap est essentiel. Que ce soit dans le cadre de simples contrôles ou dans le domaine de la sexualité.
Les professionnels de santé jouent un rôle clé en facilitant l’accès à des soins adaptés. Des stratégies simples, telles que le recueil d’informations en amont, l’habituation aux soins et la présence d’aidants, peuvent être mises en place.
Renforcer la collaboration entre dispositifs spécialisés et professionnels libéraux/hospitaliers est crucial pour améliorer le suivi gynécologique des femmes en situation de handicap.
Handigynéco : enfin des soins adaptés aux patientes en situation de handicap ?
L’étude Handigynéco a donc été menée en 2016-2017 en Ile-de-France essentiellement. Son but était d’établir un diagnostic de la filière de soins gynécologiques et obstétricaux à destination des femmes en situation de handicap. Elle avait quatre objectifs :
- Analyser les besoins des femmes en situation de handicap
- Recenser l’offre en soin gynécologique et obstétricale accessible pour cette population
- Analyser les besoins des professionnels concernés par la prise en charge gynécologique
- Identifier l’ensemble des problématiques d’accès aux soins
À l’issue de cette étude, il s’est avéré que les femmes en situation de handicap avaient un accès limité aux soins gynécologiques. En conséquence, il était urgent d’améliorer l’accès aux soins des femmes vivant avec un handicap.
L’ARS Île-de-France lance en 2023 la Démarche Handigynéco. C’est un parcours de soins gynécologiques dédié aux femmes en situation de handicap dans des établissements médico-sociaux médicalisés.
Cette initiative étend les actions de l’Étude Handigynéco, impliquant des sage-femmes libérales formées au handicap. Elles réalisent des consultations gynécologiques approfondies en ESMS (établissements médico-sociaux).
De plus, elles animent des ateliers de sensibilisation à la vie affective, sexuelle, et aux violences faites aux femmes.
Les sage-femmes bénéficient d’une formation préalable pour développer leurs compétences sur les spécificités du handicap et l’accompagnement des violences faites aux femmes.
Nos conseils pour bien préparer votre visite chez un professionnel de la santé
Afin de ne pas vivre une mauvaise expérience, nous vous conseillons de donner des informations sur votre handicap lorsque vous prenez RDV.
Le professionnel de santé, ou l’agent d’accueil, pourra vous dire s’il peut vous accueillir dans de bonnes conditions. S’il n’est pas équipé correctement, cela peut engendrer une consultation difficile pour lui, comme pour vous, voire traumatisante.
Si vous êtes l’accompagnant, n’hésitez pas à donner tous les éléments essentiels à une bonne prise en charge.
Les renseignements pouvant être utiles au médecin sont les suivants :
- Type de handicap (moteur, visuel, psychique, auditif, troubles du neurodéveloppement comme l’autisme par exemple…)
- Donner des informations par type de handicap :
- Déficience motrice : marche, fauteuil manuel ou électrique, transfert autonome, autre…
- Déficience visuelle : chien-guide, sensibilité lumineuse…Déficience auditive : aide pour communiquer (interprète LSF, tablette, aidant…), oralisation, lecture labiale…
- Difficulté pour communiquer due à un trouble du neurodéveloppement, un polyhandicap… : besoin d’outils (pictogramme, images…)
- La place de l’aidant lors de la visite (s’il y a lieu)
- Est-ce que la position gynécologique est possible ?
- Toute autre information utile
En ayant ces informations en amont, le professionnel de santé pourra préparer votre visite et s’adapter dans la mesure du possible. L’objectif est que la consultation se passe au mieux pour la patiente et le médecin.
Il est démontré qu’il est plus facile de trouver des professionnels de la santé adaptés aux femmes en situation de handicap, dans les villes. Cependant, même en vile, il peut s’avérer compliqué de trouver des lieux et matériels adaptés. L’objectif serait d’améliorer les soins de ces personnes, non seulement en ville ou aussi en campagne, où les soins sont plus compliqués.