Sonia Heckel : « On a des sportifs avec des palmarès de dingues qui ne sont pas encore reconnus »
Sonia Heckel, 32 ans, pratique la boccia. Un sport qui ressemble à la pétanque mais qui reste unique, particulièrement stratégique et prenant. La native de Nancy nous raconte son parcours atypique et son amour du sport paralympique.
Présentez-vous en quelques mots.
Moi c’est Sonia. J’ai 32 ans, je suis athlète handisport en boccia en catégorie BC3. Je suis également secrétaire au Vandoeuvre-Lès-Nancy volley-ball et je viens de Nancy.
Pouvez-vous nous rappeler les règles de la boccia ?
La boccia est une discipline paralympique depuis 1984, mais elle est arrivée en France en 2007. Le principe de base est proche de la pétanque, il faut se rapprocher le plus possible du cochonnet. Le cochonnet s’appelle le Jack. Ce sport se pratique avec des balles sur un sol de gymnase. C’est un sport très stratégique car contrairement à la pétanque, où il suffit de tirer et de pointer, on va vraiment utiliser les balles sur le terrain en faisant des ricochets, en s’appuyant sur les balles des autres. Je comparerais la boccia aux échecs de par son côté stratégique.
Êtes-vous sportive professionnelle ?
Non, pour le moment je ne suis pas professionnelle. Dans ma discipline, cela n’existe pas encore.
Le handisport a-t-il toujours été une évidence pour vous ?
Je n’ai pas connu tout de suite le handisport car mon handicap est dû à une maladie évolutive. Plus mon âge a avancé, plus mes muscles se sont affaiblis. Quand j’étais petite, je marchais comme une personne valide donc je ne connaissais pas le monde du handicap. Je me suis retrouvée en fauteuil à l’âge de 12 ans. J’ai découvert les disciplines du handisport dans un centre spécialisé pour le handicap et je ne connaissais pas du tout. Le handisport m’a tout de suite plu car cela me permettait de faire autre chose, de m’évader, et au fur et à mesure des années, on s’amuse et on pratique de plus en plus.
Que représentent pour vous les Jeux paralympiques ?
Pour moi, les Jeux c’est la compétition la plus importante. C’est le graal car c’est mon rêve ainsi que celui de tous les sportifs. J’ai vraiment envie de réaliser des performances lors de cet événement.
Quelles sont vos ambitions de résultats pour Tokyo ?
J’ai pour ambition d’obtenir une médaille d’or en équipe, surtout que ce sera les premiers Jeux paralympiques pour l’équipe de France de boccia, donc je veux vraiment monter sur la première marche du podium.
Selon vous, comment le handisport pourrait-il obtenir une meilleure visibilité ?
Je pense que c’est d’abord par le biais des médias, car on entend beaucoup parler des Jeux Olympiques et pas des Jeux Paralympiques. Les deux compétitions devraient être mises sur le même pied d’égalité par les médias. Je ne comprends pas cette différence de traitement.
On entend également beaucoup plus parler du monde des valides. Les athlètes paralympiques ont les résultats escomptés et on dit souvent que quand on a de bons résultats, alors on est médiatisés et on se fera connaître… Malheureusement, on a des sportifs en situation de handicap qui ont des palmarès de dingues et qui ne sont pas encore reconnus à la hauteur des sportifs valides.
Le palmarès de Sonia Heckel
Championnats d’Europe 2019 (Séville) : médaille d’or-Pairs-BC3 mixte
Open européen 2019 (Olbia) : médaille d’or-Pairs-BC3 mixte
Open européen 2018 (Olbia) : médaille d’or-Pairs-BC3 mixte
Open mondial 2016 (Montréal) : médaille d’argent-Pairs-BC3 mixte
Propos recueillis par Tom Vignals
En photo : Sonia Heckel avec son assistant Florent Brachet.
Pour en savoir plus sur les Jeux Paralympiques et suivre les athlètes français : https://france-paralympique.fr/