Témoignage d’Oscar Burnham, membre de l’équipe de France Handisport aux Jeux paralympiques de Pékin : « Les vidéos des Jeux Paralympiques m’ont convaincu de reprendre le ski »
En photo : Oscar Burnham.
Initié au ski dès le plus jeune âge dans sa région d’origine, à Tignes, Oscar Burnham, étudiant et passionné de sports à sensations, participera aux Jeux Paralympiques pour la première fois en ce mois de mars 2022.
Oscar Burnham, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Oscar Burnham : J’ai 22 ans. Je pratique le ski alpin en équipe de France handisport. Je suis également étudiant et moniteur de ski. J’habite à la montagne et ma mère est monitrice de ski, du coup j’ai tout de suite appris à skier avec elle. Ensuite j’ai intégré le club de sport des Tignes. J’ai fait des compétitions. J’ai eu le parcours plutôt classique d’un enfant qui habite en station avec un cursus ski-études à Bourg-Saint-Maurice au collège.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre handicap ?
Oscar Burnham : Je me suis fait amputer de la main gauche suite à un accident survenu le 1er juillet 2018 lorsque j’avais 19 ans. Je me suis fait électrocuter. Les médecins ont essayé de sauver ce qu’ils pouvaient en pratiquant plusieurs opérations. Ma main était trop abîmée alors on m’a demandé si je préférais garder trois doigts ou tout couper pour mettre une prothèse – j’ai donc fait le deuxième choix. Maintenant, j’ai une prothèse électrique pour la vie de tous les jours. J’ai une autre prothèse exprès pour faire du ski.
Qu’est-ce qui vous plaît dans le ski ? Pratiquez-vous d’autres sports ?
Oscar Burnham : Ce qui me plaît c’est le fait de savoir qu’avec mes skis je peux passer partout. J’aime bien grimper une montagne et redescendre en skiant. Dans une descente en pente raide, je suis d’ailleurs bien plus à l’aise en ski qu’à pied.
En plus du ski alpin en compétition, je fais aussi beaucoup d’escalade, d’alpinisme, j’adore tout ce qui se pratique en montagne et haute montagne. J’ai une prothèse exprès pour faire de la cascade de glace, avec un piolet. J’ai vu sur Instagram que ça existait aux États-Unis alors j’ai demandé si on pouvait m’en faire une, et ça marche plutôt bien !
Le ski à haut niveau est-il votre activité principale ?
Oscar Burnham : Étant moniteur de ski, il m’arrive de donner des cours pendant les vacances scolaires, mais ces derniers temps je me consacre essentiellement aux entraînements et aux compétitions. En parallèle, je fais des études de commerce à Annecy, à l’IUT, avec un cursus aménagé pour les sportifs de haut niveau : je vais en cours de fin avril à fin juin, et le reste du temps je peux skier tout en suivant quelques cours à distance.
Oscar Burnham, racontez-nous votre parcours sportif.
Oscar Burnham : Jusqu’à 17 ans, je faisais des compétitions de ski régionales et les championnats de France. À l’âge de 18 ans, je me suis limité aux compétitions locales, pour passer mon monitorat de ski. J’avais aussi pour projet de passer le diplôme de guide de haute montagne. C’est juste après cela que j’ai eu mon accident. Et c’est là que j’ai décidé de reprendre la compétition en handisport, ça m’est venu directement à l’esprit dès l’hôpital.
Entre le 1er juillet 2018, où j’ai eu mon accident, et le 27 juillet, où je me suis fait amputer, j’ai eu le temps de réfléchir et d’accepter le fait que j’allais perdre ma main. J’ai commencé à me dire que j’allais être « handicapé ». Tout en étant sur mon lit d’hôpital, j’ai tapé « Jeux paralympiques ski alpin » sur YouTube et je suis tombé sur les Jeux de 2018. Cela m’a tout de suite inspiré. Je me suis dit que ça avait l’air bien et que je pouvais peut-être y arriver. Je suis tombé sur des vidéos de Marie Bochet. J’ai regardé ses courses et j’ai vu qu’elle skiait avec un seul bâton !
En sortant de l’hôpital, je suis allé en centre de rééducation où, étonnamment, j’ai été pris en charge par un kiné qui avait travaillé pour l’équipe de France handisport. Finalement, le directeur technique de l’équipe de France – qui habite à Tignes et connaissait on histoire – m’a appelé en novembre 2018. Il m’a proposé de venir faire un essai avec les skieurs de l’équipe pendant quelques jours. J’y suis allé et tout s’est bien enchaîné, j’ai gravi les échelons, intégré l’équipe de France et participé à des compétitions de plus en plus importantes.
Le ski vous a-t-il aidé à passer le cap après votre accident ?
Oscar Burnham : Oui, même si j’avais déjà plutôt bien accepté les choses dès le moment où je me suis fixé ce projet.
Mais effectivement, je me suis vite retrouvé avec des gens qui avaient déjà accepté leur handicap et qui faisaient du sport avec depuis plusieurs années.
J’ai beaucoup appris, notamment auprès de Marie Bochet. Avec l’expérience qu’elle a, depuis toute petite, de vivre avec une seule main, elle m’a donné plein d’astuces, par exemple comment mettre mes chaussures de ski avec une seule main, mettre la combinaison, couper ma viande à table, et même faire les tartines !
Vous skiez donc avec un seul bâton…
Oscar Burnham : Tout à fait. Je fais du ski alpin avec un seul bâton. Mais quand je vais en montagne, hors compétition, et que je skie sur des terrains plus raides, j’utilise ma prothèse adaptée exprès pour tenir un bâton de ski. En compétition, ce serait plus gênant qu’autre chose, et de toute façon je n’aurais pas le droit. Le fait de skier avec un seul bâton ne modifie pas forcément l’équilibre. D’ailleurs, mon coefficient en compétition est de 100%, c’est-à-dire qu’à l’arrivée d’une course, mon temps est inchangé, j’ai le taux de handicap le plus bas, tout comme Marie Bochet.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre participation aux championnats du monde de Lillehammer ?
Oscar Burnham : C’était mes premiers championnats du monde. C’était cool ! Il y avait une bonne ambiance. Dans l’équipe, on est une grande famille, on s’entend tous bien. On s’entraîne tout le temps ensemble lors des différents stages. On est vraiment soudés et on se soutient énormément, que ce soit dans les bons ou les mauvais résultats. C’était une belle expérience de participer à ce gros événement.
Pour les épreuves techniques de géant et slalom, les femmes avaient des épreuves séparées, du coup Marie Bochet a fait sa course pendant notre jour de repos et on a pu aller la soutenir en bas de la piste.
Sur le plan personnel, pour ma préparation avant Pékin, c’était aussi intéressant car il y avait les mêmes athlètes que ceux que je retrouverai aux Jeux. C’est un bon point de repère.
Que représentent les Jeux Paralympiques pour vous et quelles seront vos ambitions ?
Oscar Burnham : C’est le rêve de tout athlète. Quand on est petit, on rêve tous de participer aux Jeux Olympiques quand on les sportifs à la télé. Là ce sera les Jeux Paralympiques, c’est pareil et ça doit être incroyable ! Puis c’est une belle vitrine pour le handisport. Moi-même, c’est ce qui m’a permis de me relancer dans le ski alpin juste après mon accident et d’en faire un objectif.
Du coup, je suis super content d’être sélectionné parce que c’est un objectif que je m’étais fixé depuis mon lit d’hôpital en 2018. Maintenant ce n’est pas la finalité : j’y vais dans l’idée de décrocher les meilleures places possibles et vivre les choses à fond. Si ça peut faire pareil pour d’autres personnes, c’est super.
Que diriez-vous aux personnes en situation de handicap qui envisagent de pratiquer un sport d’hiver ?
Oscar Burnham : Il ne faut pas hésiter ! Le ski provoque des sensations uniques. Ça vaut vraiment le coup. On voit des paysages incroyables. On est à la montagne, au contact de l’air pur. Quant aux adaptations, on trouve une solution pour tout, beaucoup de choses sont possibles.
Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?
Oscar Burnham : Il faut suivre les Jeux Paralympiques ! C’est un bel événement et ce sera encore plus impressionnant que les Jeux Olympiques. Sans rien enlever aux athlètes olympiques bien sûr ! Mais voir des personnes skier sur une seule jambe, en fauteuil… c’est spectaculaire.
Le palmarès d’Oscar Burnham
2022 – Championnat du Monde à Lillehammer
7e en Slalom Géant
8e en Slalom
2021 – Coupe du Monde à Saint-Moritz
5e en Slalom Géant
5e en Slalom
2020 – Jeux Européens Paralympiques de la Jeunesse en Pologne
1er en Slalom
1er en Slalom Géant
2020 – Classement Coupe d’Europe
2e au Classement général
1er en Slalom Géant
2e en Super G
7e en Slalom
Pour plus d’informations sur les Jeux Paralympiques de Pékin 2022, rendez-vous ici : https://olympics.com/fr/beijing-2022/paralympiques