Les programmes télévisuels accessible aux personnes déficientes auditives, visuelles, ou dyslexiques représentent certes une palette toujours plus importante mais reste insuffisante.
Des obligations et en particulier pour le service public
Les chaînes françaises qu’elles soient hertziennes, de la TNT, par câble ou satellites ont des obligations légales en termes d’accessibilité. Elle se doivent de fournir des sous-titres (pour les déficients auditifs) et de l’audiodescription (pour les déficients visuels) pour une grande partie de leur programme et proposent des résultats supérieurs à leurs engagements initiaux. France Télévisions, en tant que chaîne de service public, répond à des obligations particulièrement strictes fixées par l’Arcom. Depuis 2010, France Télévision sous-titre la totalité de ses programmes nationaux. Coté audiodescription, ce sont 2 099 programmes en 2022 qui en ont bénéficié, contre 12 en 2010, une progression impressionnante qui n’est pas encore à la hauteur des attentes du publics concerné. Précisons que l’audiodescription nécessite le travail d’un auteur et d’un comédien pour décrire les scènes au-delà des dialogues. C’est une tâche longue et couteuse.
La nécessité de généraliser l’accès au sous-titrages
Canal+ à quant elle lancé au 1er semestre son offre « Dystitles », des sous-titres conçus graphiquement pour faciliter la lecture des personnes dyslexiques (voir ci-dessous). France Télévisions, continue d’innover grâce à sa filiale France.tv access, qui planche actuellement sur le sous-titrage de la chaîne d’information continue France Info. Elle vise 100 % de sous-titrage d’ici 2025 et teste actuellement un outil expérimental basé en partie sur l’intelligence artificielle mais celle-ci n’est pas encore au niveau de l’expertise et la finesse que procurent des professionnels.
L’audiodescription, onéreuse et pourtant si utile
L’audiodescription n’est pas en reste, notamment compte tenu du nombre élevé de Français âgés souffrants de troubles de la vision. Pour compenser cette fragilité face aux écrans France Télévisions a au moins trouvé une parade pour certains événements sportifs. Elle positionne un grand nombre de caméras dans les stades, ce qui permet aux téléspectateurs de bénéficier d’images très précises, réduisant ainsi le besoin de descriptions détaillées des actions.
En sa qualité de diffuseur officiel des Jeux olympiques et Paralympiques de Paris 2024, France Télévisions envisage toutefois de mettre en place l’audiodescription pour les grands événements tels que la cérémonie d’ouverture.
Un droit fondamental
Rappelons que l’accès à l’information télévisuelle sous toutes ses formes, tout comme l’accessibilité numérique représentent des droits indispensables au développement humain des individus comme de l’inclusion professionnelle et sociale des personnes en situation de handicap. Quelles sont les personnes non concernées un handicap accepteraient de s’en passer ? Les médias français ne peuvent pas et ne doivent pas se laisser distancer ou perdre de vue leur responsabilité sociétale. A l’occasion des jeux de Paris 2024 la France doit performer et pas seulement sur les terrains de sport.
Les « Sous-titres Dyslexiques » de Canal+
Canal+ déploie depuis six mois une solution d’accessibilité novatrice appelée « Dysttitles », des « sous-titres dyslexiques » spécialement conçus pour les personnes dyslexiques. Cette fonctionnalité est désormais disponible sur divers appareils, notamment les télévisions connectées et la version navigateur de myCanal, avec une extension prévue sur d’autres appareils prochainement.
L’idée derrière les « Dysttitles » est de jouer avec l’espace intérieur de certaines lettres pour créer un format unique qui facilite la compréhension des phrases, sans nécessiter un effort de lecture supplémentaire. Cette typographie a été développée en s’inspirant de la méthode « Bilexie » créée par Béatrice Sauvageot, une orthophoniste spécialisée en neurosciences, chercheuse au CNRS et lauréate du programme Impact 2017 en partenariat avec Malakoff Médéric et la Fondation de France;
La police Dystitle de Canal+
Cette initiative a été saluée par la présidente de l’association « Puissance Dys ». En France, environ 8 à 12 % de la population est concernée par la dyslexie, soit 5 à 8 millions de personnes. Les « sous-titres dyslexiques » Dysttitles peuvent être activés sur les contenus compatibles en sélectionnant « Français (Dyslexie) » sur les appareils adaptés. Actuellement, seuls les « sous-titres en français dyslexiques » sont disponibles, mais Canal+ prévoit d’étendre cette fonctionnalité à d’autres langues à l’avenir.
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