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Le regard de Marie-Amélie Le Fur sur les Jeux paralympiques 2024

Jeux paralympiques 2024 : rencontre avec Marie-Amélie Le Fur
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Les Jeux paralympiques 2024 auront lieu dans un peu plus d’un an ! Alors même que l’organisation est décriée, Handirect a rencontré Marie-Amélie Le Fur, championne paralympique d’athlétisme et membre du Comité paralympique et sportif français.

Que vont pouvoir apporter ces Jeux paralympiques 2024 en France ?

L’idée c’est que ça apporte le plus de choses possibles. Mais cet héritage en fait, il sera véritable que si on a une mise en action de nombreux acteurs. Bien évidemment, il faut que le mouvement sportif se mette en ordre de marche pour ouvrir un petit peu plus la pratique sportive aux personnes en situation de handicap. Et en ce sens, le Comité paralympique porte un programme de sensibilisation des clubs ordinaires pour faciliter l’accueil des personnes en situation de handicap. Donc ça, c’est le premier enjeu, c’est une mise en dynamique de différents acteurs et notamment des acteurs du mouvement sportif. Mais ce ne sera possible que si on a d’autres acteurs qui prennent conscience de leurs responsabilités et de l’action à mener. Ça va être les collectivités, ça va être tous les secteurs de la santé, les associations gestionnaires… Cela étant, on espère aussi, au travers de la communication, de la valorisation des Jeux paralympiques 2024, des compétitions para sportives, pouvoir démontrer un regard un petit peu nouveau de la capacité et des compétences de la personne en situation de handicap. Et ça va nécessiter que d’ici à Paris 2024, on ait un renforcement de la médiatisation du para sport, du sport paralympique, des athlètes paralympiques…

Comment se fait-il que la participation des athlètes en situation de handicap mental et psychique ne soit autorisée que dans 3 épreuves des Jeux paralympiques 2024 ?

Alors, la participation des sportifs en situation de handicap mental et psychique est une décision du Comité paralympique international. Quand on remonte un petit peu avant les années 2000 nous avions d’autres sports dans lesquels étaient représentés des sportifs en situation de handicap mental et psychique. Mais à la suite d’une tricherie, on a eu une sortie du programme des Jeux paralympiques de cette représentativité de handicap. Une chose qui a été corrigée en 2012 avec le retour des sportifs en situation de handicap mental sur 3 disciplines. Après, effectivement, l’idée c’est de voir comment, collectivement, avec l’ensemble des membres du Comité Paralympique international, on peut travailler une meilleure représentativité de ce handicap au sein des Jeux paralympiques et pas forcément uniquement sur les Jeux paralympiques d’été. Donc voilà, il y a beaucoup de discussions. Mais le programme des Jeux paralympiques de Paris 2024 a été arrêté et défini. Ce n’est pas une décision que l’on peut prendre à un an des Jeux, mais ce sont des choses qui peuvent être réfléchies sur des jeux futurs.

On entend souvent qu’environ 350000 personnes en situation de handicap sont attendues et que la France est très loin d’être prête pour les accueillir. Qu’en est-il ?

Effectivement, il y a des points de vigilance autour de l’accessibilité durant les Jeux olympiques et paralympiques. Comment faire pour gérer ce flux de personnes en situation de handicap qui vont rejoindre la capitale ? Comment leur permettre d’accéder aux sites sportifs ? On se heurte à un problème historique, qui est celui de la capitale, mais plus largement qui est celui de la France, qui est le manque d’accessibilité de nos structures, des structures sportives, des structures de tourisme et de transports. Il y a vraiment un enjeu de mettre l’ensemble des parties prenantes autour de la table et de voir comment, collectivement, nous pouvons réfléchir et mettre en place des solutions adaptées aux personnes en situation de handicap. Et ça va passer par un dimensionnement du réseau de bus. Ça va passer par la mise à disposition de navettes pour les spectateurs munis d’un billet personne en situation de handicap, par la mise en place de parkings à proximité des sites. L’idée, c’est de pallier des lignes de transport, qui étaient prévues à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques dans le cadre du projet du Grand Paris, mais qui ne seront pas livrées à temps. Donc il faut pallier ce nouveau contexte et voir comment on peut mettre en place des solutions alternatives.

Mais au-delà, finalement, de l’accessibilité, ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’il y a une volonté de créer, d’apporter, de démontrer la capacité de la France à créer un nouveau standard pour le spectateur en situation de handicap. Et il y a vraiment des choses qui ont été pensées pour l’accompagnement du spectateur en situation de handicap, pour son placement dans le stade, pour la façon de le guider…

Comme quoi, par exemple, est-ce que vous avez des exemples de choses qui vont être mises en place ?

Un exemple très concret : c’est celui des places pour les personnes en situation de handicap. Donc on s’intéresse souvent finalement à la place dans le stade des usagers en fauteuil roulant. Mais ce qu’il faut comprendre, c’est que lorsque vous considérez la communauté des personnes en situation de handicap, ce sont des typologies de handicap très diverses et variées. Donc là, le comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques 2024 a décidé, dans le stade de réserver des places à destination des personnes en situation de handicap. Qui sont proches de la commodité, en pensant finalement aux personnes qui rencontrent des difficultés à se déplacer dans des établissements aussi vastes que peuvent l’être des stades lors des Jeux olympiques et paralympiques. Il y a aussi tout un enjeu autour de la signalétique, la signalétique et la mobilité du dernier kilomètre sur lequel le comité d’organisation a une attention majeure pour les personnes qui sont mal marchantes, pour les personnes qui sont en situation de handicap mental et faire en sorte que cette accessibilité, elle soit faite dans une mobilité réduisant la fatigabilité mais facilitant aussi la compréhension de toutes et tous.

Quelles sont nos chances de médailles et quel est l’état des compétiteurs en vue de ces Jeux paralympiques ?

L’état des compétiteurs est bon. On est sur une bonne dynamique en France, pour les mêmes éléments que ce que je vous disais tout à l’heure, c’est-à-dire qu’on a lancé tout un tas de programmes pour aider les athlètes. Donc tous ces programmes servent très positivement le mouvement Paralympique. Après, l’année 2023 sera une année de référence pour définir quel est notre objectif lors des Jeux paralympiques. Parce que nous aurons les premières compétitions de référence pour se qualifier aux Jeux. On a des athlètes qui dans le monde entier vont être de plus en plus en forme et démontrer leur potentiel. Cela étant, on sait déjà que c’est une nécessité de renforcer notre participation et notre travail sur les sports collectifs. C’est une absolue nécessité de renforcer la participation de la France dans les 3 sports majeurs de ces Jeux paralympiques 2024, c’est-à-dire l’athlétisme, la natation et le cyclisme. Et c’est un enjeu crucial de se féminiser aussi.

Est-ce qu’il y a des aides de l’État ? Pour les athlètes paralympiques en termes soit de formation, soit d’infrastructures, soit d’autre chose ?

Alors il y a 2 façons d’accompagner les sportifs. Il y a l’accompagnement qui touche à la qualité de vie de nos sportifs de haut niveau, et comment on sécurise le suivi socioprofessionnel de nos athlètes qui sont référencés de haut niveau et potentiellement médaillables pour les Jeux. Donc là il faut savoir que nos athlètes bénéficient des mêmes programmes que les sportifs olympiques. Après charge à chaque fédération d’apporter un accompagnement complémentaire. Le 2ème enjeu, effectivement, c’est l’accès au matériel, et on sait à quel point effectivement ce matériel peut être crucial dans la pratique para sportive : les prothèses, les fauteuils, les vélos… Et là on a globalement des financements privés qui vont être pris en charge sur les sponsors des athlètes. Quelquefois, on peut avoir un financement effectivement par la Fédération, mais ce n’est pas encore un système qui est qui est clairement établi. Et c’est là qu’il y a une faiblesse du système français, sur l’accès de toutes les personnes en situation de handicap à du matériel sportif.

Est-ce que ce serait envisageable un jour, d’avoir des Jeux olympiques et paralympiques avec les toutes les disciplines rassemblées dans une seule et même compétition ?

Une seule et unique compétition va poser plusieurs problèmes. Déjà, le premier problème, c’est le problème de la logistique d’un tel événement. Comment dimensionner un village, des infrastructures sportives, un programme, un broadcast ? Si on mélange les deux Jeux, est-ce que ce ne serait pas préjudiciable pour les deux Jeux comme ça d’être mélangés ? C’est un modèle qui est compliqué en termes de réflexion et qui, je pense ne servirait peut-être pas la visibilité et la reconnaissance à la fois du sport paralympique, la découverte de nouveaux sports. Il ne faudrait pas que le mélange de ces 2 compétitions vienne biaiser cette rencontre du public avec ces nouveaux sports. Pour autant, ça ne veut pas dire qu’il n’y a rien à faire. On a une ambition qui est de faire en sorte que ces deux événements communiquent plus, qu’il y ait plus de passerelles. Oui, ce sont deux événements différents, qui répondent à une singularité, mais pour autant, on est tous unis par cette volonté de performance, par cette passion du sport, par ce côté très patriote d’avoir des athlètes qui défendent nos couleurs…

Lire aussi : Championnats du monde de para-athlétisme : rencontre avec Marie-Amélie Le Fur

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